Façade sud du château de Serrant par François Roger de Gaignières en 1695 (BNF)
Au XIVè siècle, le domaine de Serrant appartient à la famille de Brie. Ponthus de Brie, chambellan de Louis XI obtient l’autorisation du Roi de fortifier la demeure. Il entoure le château de douves. Son fils, Péan de brie entreprend l’édification d’un nouveau château à partir de 1539 sous la conduite de Jean Delespine, célèbre architecte angevin. Les travaux sont poursuivis par ses fils Madelon et Charles. Mais la construction n’est pas achevée.
Le château passe dans les mains de plusieurs propriétaires jusqu’à ce que Guillaume de Bautru, poète et diplomate de Richelieu, l’acquiert en 1636.En 1640, la construction du château est reprise et augmentée. A la fin du XVIIè siècle, on accède au château par une cour située sur le côté et donnant sur la façade Nord. La façade Sud s’ouvre sur quatre parterres de broderies implantés autour d’un bassin sur un jardin en île. Le parc est entouré de murs et de douves, vestiges des fortifications passées.
Après la mort de Nicolas Bautru, marquis de Vaubrun à la bataille d’Altenheim en 1675, son épouse Marguerite Bautru fait appel à Jules Hardouin Mansart pour édifier une chapelle à sa mémoire. Elle est achevée en 1706 et fait pendant à une aile édifiée en symétrie. Deux pavillons d’angle cadrant la cour d’honneur sont construits ainsi qu’un nouveau porche et une grille d’honneur dans l’axe du château, soulignant la symétrie et la magnificence de l’architecture. Pour souligner la perspective, on aménage un découvert et une allée dans le bois au nord-ouest du château.
Façade Nord du château de Serrant par François Roger de Gaignières (BNF)
En 1749, Madeleine Diane de Vaubrun, duchesse d’Estrée, vend le domaine de Serrant à Antoine Walsh qui l’offre à son frère, François Jacques Walsh. Issu d’une famille irlandaise réfugiée en France suite à la révolution britannique de 1688, François Jacques reçoit le titre de comte de Serrant. Il fait construire à l’ouest du château, l’orangerie en 1771, bordée d’un plan d’eau et de parcelles potagères. Au sud-est du château des parterres et des allées d’arbres sont plantés.
Plan du projet de route passant devant le château de Serrant en 1762
Gravure de la façade nord du château de Serrant par Louise de Vaudreuil au début du XIXème siècle
Antoine Joseph Walsh hérite du château. Il s’exile durant la Révolution. Le château échappe aux dégradations et aux nationalisations du fait de l’origine irlandaise de son propriétaire. A son retour, en 1802, il retrouve le château. Sa nouvelle femme, Louise de Vaudreuil devient dame de palais à la cour de l’impératrice Joséphine. Le 11 août 1808, Napoléon séjourne quelques heures au château. Théobald Walsh hérite du château en 1817. Son mariage avec Sophie Legrand lui apporte une fortune considérable qui va permettre la restauration du château et des aménagements plus naturalistes du parc.
En 1820, le plan du parc montre clairement un premier tracé paysager. La pièce d’eau et l’avant cour sont encore composées de tracés réguliers. Les potagers sont toujours visibles à l’ouest du château. En revanche, les boisements ont été creusés de percées. La promenade glisse toute en sinuosité entre couverts et découverts. L’ancien carré en île attenant à la façade sud a été recomposé à l’anglaise et rattaché à la terre ferme à l’est. Un bosquet dont la lisière est courbe prend place dans l’ancienne perspective sud-est.
Plan du parc du château de Serrant en 1820
En 1822, Blordier-Langlois est chargé d’agrandir le parc, depuis la ferme du domaine jusqu’à la grande route et englobant l’étang de la Brelaudière situé à l’est du château. Le contour de l’étang est redessiné pour lui donner une forme plus sinueuse. On établit en son milieu une île « pour rompre la monotonie ». On construit des pavillons. De longues percées sont mise en place par le jardinier Bellanger et le paysagiste parisien Chatelain, architecte ayant transformé le parc de Thoiry. Le château conserve ses douves et son pont-levis, souvenirs de son passé féodal. Avec ses 300 arpents, le parc de Serrant devient un modèle de jardin anglais dont le joyau est l’orangerie.
Sur le tracé cadastral de 1835, on constate que le tracé paysager a été étendu à l’avant cour et vers l’est. On retrouve la majorité des bosquets et des tracés encore visibles aujourd’hui. Les communs ont été agrandis et forme désormais une cour carrée avec l’orangerie.
A cette période, le déplacement du potager est commandité au paysagiste André Leroy. Le nouvel emplacement, loin du château, se situe au sud-ouest du parc le long de la route allant de Saint Georges au château de Chevigné, au lieu-dit de la Noguette. A la mort de Sophie Legrand en 1872, c’est Valentine Walsh, sa belle-sœur, qui hérite du château. Elle a épousé en 1830 Charles Bretagne, duc de la Trémoïlle.
Le parc du château de Serrant au XIXème
Le château de Serrant et son parc sur le cadastre de 1835 (ADML)
Plan du parc du château de Serrant en 1820
L’escalier au dessus des douves au début du XXème (aujourd’hui disparu)
Louis Charles de la Trémoïlle, fils de Valentine Walsh et de Charles Bretagne, hérite du château. Marié à la fortunée Marguerite Duchâtel, il va réaliser de grands travaux à la fin du XIXème siècle. Il fait appel à Lucien Magne, architecte des monuments historiques à partir des années 1870. Les lucarnes et chapiteaux sont restaurés ainsi que les dômes, une balustrade est ajoutée et on appose au-dessus de l’entrée principale le blason des La Trémoïlle. De grands travaux de modernisation sont aussi entrepris dans les intérieurs.
En matière d’aménagement paysager, l’art des jardins dit « à la Française » a gagné la mode répandant à nouveau le gout des structures formelles. Après 1894, Lucien Magne propose le remaniement des abords sud du château vers l’étang sur un dessin géométrique. Le parterre donnant sur l’étang est nivelé et en partie redessiné. Une balustrade le sépare désormais du jardin paysager et de l’étang. Pour rejoindre ce jardin, l’architecte conçoit un monumental escalier enjambant les douves depuis le premier étage.
Le parterre aménagé au sud du château au début du XXème
Trois serres génèrent l’admiration devant des végétaux exotiques. Lors d’une visite de la société d’horticulture d’Angers, on mentionne la production de près de 100 000 plants pour décorer le parc. A l’orangerie, on découvre les rosiers, coleus, bégonias, hortensias bleus et les chrysanthèmes qui valurent au jardinier chef Robineau une médaille de bronze en 1898. Après les parterres de l’étang, Lucien Magne propose des projets plus ou moins ornés pour les parterres de l’avant cour. L’allée qui rattache le château à la route va ainsi être bordé de quatre parterres symétriques.
Dans les années 1970, les quatre parterres de l’avant cour sont réduits au nombre de deux et leur composition est simplifiée pour des raisons d’entretien. Une dizaine d’années plus tard, les carrés jardinés de l’orangerie sont aussi abandonnés. Propriétaires depuis 2005, le Prince et la Princesse de Mérode s’attachent aujourd’hui à préserver ces lieux largement ouverts au public. Des replantations d’arbres ou de bosquets ont été effectuées pour perpétuer les grands tracés du parc. Des élagages permettent de préserver ces tracés qui ont tendance à se refermer. Un entretien important qui permet de rendre hommage à la somme de travaux menés par des générations successives.
SOURCES : Notice historique sur le parc du château de Serrant à Saint Georges sur Loire
Projet d’aménagement de l’avant cour par Lucien Magne en 1901
Vue satellite du château et de son parc en 1949
Le château de Serrant et son parc aujou’dhui