Antoine Joseph Walsh (1744 – 1817)
Antoine Joseph Walsh est né à Cadix en Espagne, le 18 janvier 1744. Son père, François-Jacques Walsh, devient propriétaire du château de Serrant en 1749. Né le 31 mars 1704 à Saint-Malo, il est un descendant d’une grande famille noble irlandaise chassée avec le roi Jacques II Stuart. Son frère Antoine Vincent Walsh, armateur nantais, a fait fortune comme armateur dans le commerce triangulaire entre l’Afrique et Saint-Domingue. C’est lui qui achète le château de Serrant et l’offre à son frère. En 1755, Serrant est érigé en comté par Louis XV. François-Jacques devient comte de Serrant.
Après une formation au Prytanée de la Flèche, Antoine-Joseph, fils aîné, embrasse une carrière militaire. Il est colonel, propriétaire du régiment irlandais de son nom, chevalier de l’Ordre royal et militaire de St Louis, lieutenant général des armées du Roi. Il combat en 1769 en Corse pour le Roi de France. Antoine Walsh commande le Régiment de Walsh créé en 1770. Ce dernier participera à la guerre d’indépendance des Etats Unis d’Amérique sans Antoine Walsh resté sur le continent.
Il se marie le 15 juin 1766 avec Renée de Choiseul-Beaupré à Saint Domingue. Deux enfants vont naître de cette union : Sophie-Mélanie en 1769 et Edouard-Gauthier en 1771.
En 1777, il est fait comme son frère chevalier de l’ordre de Saint Louis.
En 1782, au décès de son père, François-Jacques, Antoine Walsh hérite d’une fortune considérable. Il fait alors partie des 60 familles les plus fortunées de France et est le plus riche propriétaire de Maine et Loire. Reprenant la gestion du château de Serrant et de son domaine, il se distingue par une application rigoriste du droit féodal, un peu en désuétude à cette époque, et par une rigueur identique dans l’exploitation des bois et forêts.
Un fait divers illustre ce comportement. Il s’agit de la fameuse affaire des arbres coupés, opposant le comte de Serrant à François de Boisbernier propriétaire à Savennières qui a fait abattre trois chênes au bord d’un chemin à l’hiver 1784. Le comte exige réparation. Le conflit prend une dimension nationale et met en valeur les avocats angevins, Viger, Brevet de Beaujour et les frères Delaunay. Dans une réponse maladroite, il s’oppose à Volney et se voit contraint de renoncer aux décisions en sa faveur en mars 1789.
Alors que Louis XVI convoque les états généraux en 1789, Antoine Walsh propose aux paroisses voisines un modèle de cahier de doléances. La Réveillère-Lépeaux publie un article virulent contre cette proposition. Lâché par la bourgeoisie angevine, il est complètement isolé.
Après le 14 juillet 1789, le comte Antoine-Joseph Walsh prend peur et fuit la France dès le 19. Il s’exile en Autriche, laissant derrière lui femme et enfants qui vont faire face aux troubles révolutionnaires. Antoine Walsh poursuit son périple à travers l’Europe : l’Allemagne, la Belgique, la Hollande. Fervent défenseur de la monarchie, il lutte aux côtés du comte d’Artois. En 1794, il est en Angleterre où il prépare un débarquement à Quiberon qui échouera.
En 1793, Renée de Choiseul, comtesse de Serrant, restée en France, décède. Antoine Walsh se remarie à Londres, en 1794 à Louise de Vaudreuil de 16 ans sa cadette. Elle-même est veuve du marquis de Valady, guillotiné pour ne pas avoir voté l’exécution du Roi Louis XVI. De ce remariage, naît Théobald, à Dublin, en 1796, et Louis, à Londres en 1797.
Le 29 décembre 1800, le Consulat autorise les émigrés à rentrer en France. Vers la fin de 1801, la situation s’améliore. Antoine Walsh envoie sa femme, Louise de Vaudreuil, en France, explorer les possibilités de retour, sans risquer lui-même des ennuis. Le 2 avril 1802, il est rayé des listes des émigrés. Il peut enfin retrouver son château à Serrant.
Durant son exil, sa fille Mélanie a été désignée comme héritière du domaine de Serrant car son fils Edouard, infirme, sans descendance possible. Mais Mélanie étant décédée le 31 juillet 1800 sans enfant, Edouard pensait être devenu propriétaire du château. Un contrat stipulait que le décès de Mélanie, sans postérité, redonnait la propriété du domaine à son père. S’ensuivirent de multiples procès entre Edouard et son père. Finalement, le Comte Walsh de Serrant récupéra son domaine et son fils Edouard s’installa au château d’Eculard.
Louise de Vaudreuil, comtesse de Serrant est introduite à la cour de l’impératrice Joséphine en 1803. Elle sera dame du palais de 1804 à 1810. Profitant de sa présence à la cour, elle obtient de l’empereur Napoléon la liquidation des dettes de son mari.
Le 15 avril 1808, Antoine Joseph Walsh de Serrant fut nommé Comte d’Empire car il s’était distingué par les services rendus à l’Etat, par son zèle et sa fidélité.
Antoine Joseph Philippe Walsh de Serrant, décède à 73 ans, le 3 février 1817, sans doute 17 rue du Bac à Paris VIIème. La succession du Comte entraîne des déchirements familiaux entre Edouard, seul fils survivant de son premier mariage avec Renée de Choiseul, et les trois enfants de Louise de Rigaud de Vaudreuil : Théobald, Louis et Valentine.
Louise de Rigaud de Vaudreuil, portrait de Louise Elisabeth Vigée-Lebrun (1755/1842)