Louise de Rigaud de Vaudreuil
Le marquis de Valady, premier époux de Louise de Vaudreuil
Louise Elisabeth Charles Marie de Rigaud de Vaudreuil est née à Vaudreuille (Haute Garonne), le 23 novembre 1770 dans la famille la plus puissante du Lauragais. L’histoire de cette famille est fortement liée avec celle du Canada : son arrière-grand-père, Philippe de Rigaud fut gouverneur de Montréal puis de la Nouvelle France de 1703 à 1725.
Le père de Louise, Louis Philippe de Rigaud, comte de Vaudreuil était lieutenant général des armées navales et participa à toutes les guerres de Louis XV. Il s’empare en 1777 du Sénégal et devient gouverneur de Saint Domingue. Il est député de la noblesse de la Sénéchaussée de Castelnaudary en 1789. Il émigre en Angleterre avec sa famille à la Révolution. Quand il revient en France, sous le Consulat, il est ruiné, ses propriétés ayant été vendues comme biens nationaux.
Louise épouse le marquis Jacques Godefroy d’Izam de Frayssinet le 6 octobre 1783. Elle a 13 ans et lui 17. C’est un mariage arrangé : les de Vaudreuil sont peu fortunés mais influents à la cour grâce à leur cousin, Joseph de Rigaud de Vaudreuil, favori de Marie Antoinette. Au contraire, les d’Izam de Freyssinet sont très riche mais cherchent à être introduits à la cour. Si le marquis fut bien admis aux Honneurs de la cour en 1785, la famille de Louise ne reçut ni le château de Corpières dans le Cantal, ni les richesses que prévoyaient le contrat de mariage.
Godefroy , lieutenant des Gardes Françaises, part combattre pour la cause américaine aux côtés de La Fayette de 1781 à 1788. Il s’éprend d’une toulousaine et se sépare de Louise en 1791 pour cause de mariage non-consommé. Romantique, influencé par les idées de Jean-Jacques Rousseau, il sera élu député de la convention pour l’Aveyron en 1792. Arrêté en juin 1793, à peine âgé de 27 ans, il sera guillotiné avec des Girondins pour n’avoir pas voté la mort du Roi Louis XVI.
En 1794, en exil, Louise décide de suivre les conseils de ses parents en épousant Antoine Walsh, Comte de Serrant, officier d’un régiment à son nom, de 26 ans son aîné. Le comte était assurément un bon parti car il possédait le comté de Serrant comprenant les baronnies d’Ingrandes, Bécon et Segré, les châtellenies de Champtocé, Savennières et Louvaines, les seigneuries du Plessis Macé et de Coulaines.
La jeune Louise, 25 ans, se remarie donc à Londres le 17 janvier 1795 avec Antoine Joseph Philippe Walsh de Serrant. Il est né à Cadix le 17 janvier 1744 et il est veuf ; sa première épouse, Renée de Choiseul Beaupré est morte en 1793 en France alors que lui a fui la révolution dès 1789 en s’exilant en Autriche puis en Angleterre. De leur union, naîtront 3 enfants : Théobald (1796), Louis (1797) et Valentine (1810).
Le 29 décembre 1800, le consulat autorise les émigrés à rentrer en France. Le couple retrouve le château de Serrant le 2 avril 1802. Au retour d’Angleterre, le mariage civil à lieu à Paris, le 2 juin 1804 : le mariage religieux n’est pas reconnu par la loi française. Ils sont accueillis froidement par Edouard, le fils d’Antoine qui au décès de sa mère et de sa sœur, Mélanie, pense être propriétaire du château. S’en suivent de multiples procédures judiciaires. Le comte récupère son château tandis qu’Édouard s’installe au château d’Éculard à Saint Georges.
Le maréchal Lefebvre qui avait servi dans les Gardes Françaises sous les ordres du marquis de Valady, introduit Louise de Vaudreuil à la cour de l’Impératrice Joséphine en 1803. Louise fera partie des neuf dames du palais accompagnant Joséphine lors du couronnement de Napoléon, le 2 décembre 1804. Nommée Comtesse d’Empire par Napoléon, elle sera dame du palais de l’Impératrice Joséphine de Beauharnais de 1804 à 1810.
Le 15 avril 1808, Antoine Joseph Walsh de Serrant est nommé Comte d’Empire car il s’était distingué par les services rendus à l’État, par son zèle et sa fidélité. Le ralliement du Comte de Serrant à l’Empire n’était pas dénué de tout intérêt. Louise de Vaudreuil profite de sa présence à la cour pour réclamer la liquidation de dettes que son époux avaient contractées avant la Révolution. Napoléon lui octroie les 100 000 francs nécessaires. Pour montrer sa reconnaissance, la comtesse de Serrant aménage de grands appartements au château de Serrant. Le couple impérial fait un arrêt le 11 août 1808 mais ne reste que deux heures avant de repartir sans avoir dormi dans la chambre qui leur a été préparée.
Suite au divorce, fin 1809, de Joséphine à qui elle reste fidèle, Louise de Vaudreuil n’est plus dame du palais. A la restauration en 1815, Louise se retire de la vie publique et reste principalement au château de Serrant.
Antoine Walsh décède le 3 février 1817 à Paris. La succession du Comte est la source d’un conflit entre ses enfants : Edouard, qui héritera des biens de sa mère Renée de Choiseul et les enfants de Louise de Vaudreuil, Théobald, Louis et Valentine.
Louise est nommée administratrice provisoire du domaine de Serrant. Son fils aîné, Théobald, 21 ans en 1817, hérita du château de Serrant. Le 19 juillet 1823, il épousa Sophie Legrand qui, grâce à sa fortune considérable, fit restaurer le château et aménager le parc qui lui doit ses principales beautés. Louis hérite des territoires du Béconnais. Valentine, enfin, hérite du Plessis-Macé.
Veuve à 47 ans, Louise de Vaudreuil va séjourner à Paris, chez son fils Théobald mais également au château de Brissac. Elle consacre sa vie à des activités littéraires et artistiques, correspondant avec l’historien saumurois Jean François Bodin. Elle lui soumet pour ses ouvrages des descriptions et des dessins du château de Serrant qu’elle a réalisés elle-même. Elle emploie Charles Thierry, artisan de Saint Georges, qui va réaliser pour elle des peintures sur porcelaine. Elle l’envoie ensuite se former à Paris aux techniques oubliées du verre peint. Charles Thierry réalisera les vitraux de l’église de Saint Georges et de la chapelle de Serrant.
Louise de Vaudreuil décède le 23 octobre 1831, à Angers où elle résidait avec son fils Théobald
Louise de Rigaud de Vaudreuil, portrait de Louise Elisabeth Vigée-Lebrun (1755/1842)
Antoine Joseph Walsh (1744 – 1817)