Le projet d’une Maison de Charité appelée aussi Maison Hospitalière est dû à la volonté d’un couple : Guillaume III Bautru et Louise Chalopin veuve René de Racapé. Cette dernière achète la maison qui deviendra la Maison Hospitalière le 13 juillet 1708, à Jeanne Turgot et Renée Blot. Celle-ci était située rue Nationale à proximité du carrefour central, à droite dans la direction d’Angers. Guillaume Bautru III, seigneur de Serrant, marié en deuxième noce à Louise Chalopin, indique dans son testament du 8 décembre 1703, qu’il donne une rente de 150 livres annuelles à cette future maison. Louise Chalopin meurt en 1709 et Guillaume Bautru en 1711. Leurs héritiers réaliseront le projet.de la paroisse.
A droite au deuxième plan, le pignon de la maison de charité qui abrita la première école, carte postale de 1909
Marguerite Bautru, fille du seigneur de Serrant et veuve du marquis de Vaubrun, se charge de l’exécution du projet. Il faut d’abord une maison. Le 22 juillet 1714, l’assemblée paroissiale valide le processus. Le 7 août 1714, la fabrique, c’est-à-dire l’assemblée chargée de gérer les biens de l’église, vend pour la somme de 460 livres, une maison, que le testament de Jean Bain, prêtre de Villemoisan, lui a laissée en 1621. La somme obtenue servira à acheter la maison de charité, et le 20 août 1714, Marguerite Bautru acquiert pour 780 livres, de Félix de Racapé seigneur de Chevigné, la maison que sa mère, Louise Chalopin, possédait depuis 1708. Selon l’acte rédigé par le notaire Valluche, elle donne la maison aux paroissiens de Saint Georges pour « servir de demeure a deux filles de charité qui feront la petite école et vaqueront au service des pauvres ».
Il faut maintenant assurer les ressources de fonctionnement. Dans l’inventaire des « Titres du Bureau de Charité », élaboré en 1788 et conservé aux archives municipales, on trouve la liste des dons principaux de 1700 à 1780 :
400 livres par René Binet, 1700.
30 livres/an Nicolas de Vaubrun, abbé de Cormery, 1712.
150 livres/an par Marguerite de Vaubrun, 1714.
25 livres/an par M Deniau, 1724.
23 livres/an par C Lemée aubergiste, 1763.
23 livres/an par J.Lemée aubergiste, 1780.
La maison de la charité devenu bibliothèque paroissiale en 1912
Le 22 février 1786, un Arrêt du Parlement acte la création d’un Bureau de Charité à Saint Georges sur Loire. Dans les attendus de l’arrêt, il est dit que la maison de charité a été administrée sans abus à la vérité, mais aussi sans aucune forme régulière et suivie. On trouve deux protagonistes connus pour leur exigence : l’abbé Luc de Salles et Antoine Walsh, seigneur de Serrant depuis 1782.
Un règlement en 18 articles est élaboré. On peut résumer ainsi ce document de 8 pages : le bureau est contrôlé par les notables ; le personnel est nommé ou destitué par le comte de Serrant ; les pauvres sont fichés et les « mauvais pauvres exclus » ( ivrognes ; de mauvaises mœurs ; oisifs et mendiants ; pères et mères qui n’envoient pas leurs enfants au catéchisme ; pillards de bois, haies et autres biens de la campagne); les aides directes faites par des personnes « aisées », sans passer par le bureau de charité, sont à déclarer ; du travail est organisé pour les femmes et les enfants à partir de sept ans ; les aides sont en nature et celles en argents sont proscrites, car « les pauvres abusent presque toujours par deffaut d’économie ou pour se divertir . » Sous jacent, il s’agit bien de surveiller une certaine population.
On enregistre de nouveaux dons en 1786 : 60 livres/an par Pierre Morna, 480 livres/an par Luc de Salles, 120 livres du bureau des décimes de la ville d’Angers, 75 livres/an par les chanoines de la maison conentuelle et 30 livres/an par le sieur Alliot mary de Marie Martin.
Le 29 octobre 1787, « sur le bon et fidel rapport qui nous a été fait, Antoine Walsh, comte de Serrant, nomme deux filles de charité, Renée Mousseau et Marie Gabory, pour avoir soin des pauvres et malades de notre paroisse ».
Mais la Révolution commence et le versement des dons se fait difficile. La maison de charitédisparait vers 1793. Au mois d’Aout 1792, pour trouver des finances, on vend les meubles, les terres et jardins et on loue la maison à Pierre Bain, marchand cordier. En 1798, le citoyen Pierre Gourdon, commissaire du canton de Saint Georges, explique dans son rapport sur la situation du canton à destination du commissaire central à Angers : la maison de charité a été vendue par le Département, l’établissement étant tenu par des sœurs ayant refusé de prêter serment
Cette maison, devenue par la suite bibliothèque paroissiale au XXème siècle, a été détruite dans les années 1990.