Portail de l’église saint Ephrem à Paris construite par l’abbé de Vaubrun en 1738
L’abbaye de Cormery dont l’abbé de Vaubrun fut l’abbé
Nicolas Guillaume de Bautru de Vaubrun, dit l’abbé de Vaubrun, est le fils de Marguerite Thérèse Bautru, elle-même fille de Guillaume III Bautru, et de son époux-cousin Nicolas Bautru de Vaubrun
Il est le frère de Diane Bautru de Vaubrun, duchesse d’Estrée, seule héritière du domaine de Serrant après la mort de l’abbé.
Saint-Simon décrit ainsi l’abbé de Vaubrun : « Il avait pris le collet pour se cacher. Il était tout à fait nain, en avait la laideur et la grosse tête, et il s’en fallait d’environ un pied que ses jambes tordues ne fussent égales. Il se fourrait partout ». Montesquieu dans ses pensées dit de lui : “Avec un caractere grave et un air serieux il fut l’homme de son siécle le plus frivole. Il n’eut aucune des singularités qui font plaisir mais tous les ridicules qui font pitié. Avec le corps d’un homme difforme il eut toutes les flatteries d’une femme.”
Joseph Grandet (historien de l’Anjou) 1646-1724, dit de lui :” En 1696, il acquiert du marquis de Breteuil, la charge de lecteur qui lui donnait ses entrées chez le roi.
Il se compromit dans les affaires du cardinal de Bouillon ( ce dernier avait pris le parti de l’ennemi lors de la guerre de succession d’Espagne, et était donc considéré comme un traitre). Le 9 mai 1700, l’abbé de Vaubrun fut renvoyé de la cour et envoyé à Serrant.”
En 1709, il est autorisé à revenir à Paris et en 1710 peut reparaitre à Versailles, où il reprend son service le 29 janvier 1711.
Il vendit sa charge le 7 avril 1720. D’après les archives de Serrant citées par l’Anjou Historique 1902.
De juin 1680 à novembre 1746, il fut abbé commendataire de l’abbaye de Cormery en Touraine, et il obtint en 1732 l’abbaye de Saint Georges sur Loire.
Il fut également prieur de Chemillé. De 1699 à 1704. (d’après Célestin Port)
En 1738, l’abbé de Vaubrun confie à l’architecte Pierre Boscry la reconstruction du collège des Lombards à Paris. Des bâtiments ainsi qu’une nouvelle chapelle sont édifiés. C’est l’église Saint-Ephrem-le-syriaque dont le tympan portait jusqu’à la révolution les armes de l’abbé.
L’abbé Bautru de Vaubrun était un familier de la duchesse du Maine et de la cour de Sceaux, animée par cette dernière. Avec le titre de Roi de la Nuit donné par la duchesse, l’abbé fut l’organisateur de certaines Grandes nuits de Sceaux, qui mit en scène des opéras baroques, en particulier, en 1714 : La déesse de la nuit (texte de Nicolas de Malézieu, musique de Mouret), Les amours de Ragonde, opéra ballet de Destouche, Les héritiers, La noce et le charivari.
La duchesse du Maine disait de l’abbé de Vaubrun qu’il était « le sublime du frivole ».
Mr de Gavaudun trouvant Mme la duchesse du Maine aux Tuileries après souper avec l’abbé de Vaubrun à ses genoux composa ces vers satiriques :
A l’heure où selon la nature
Chacune cherche son chacun,
Un abbé prêt à conclure
Fuyait tout objet importun,
Quand Gavaudun,
Quand Gavaudun
S’écria : voyez la posture
Où se met l’abbé de Vaubrun.
L’abbé de Vaubrun meurt le 14 novembre 1746 à Paris.
Sources :
Les Mémoires de Saint-Simon, chap 2 tome 9, et les Mémoire du président Hérault, chap 11.