Carte de la bataille d’Altenheim publiée en 1782
Nicolas Bautru de Vaubrun est le fils de Nicolas Bautru, frère de Guillaume II Bautru, comte de Serrant. Il épouse sa cousine, Marguerite-Thérèse Bautru, petite fille de son oncle.
Marguerite Bautru est la fille de Guillaume III Bautru qui lui a légué le château de Serrant. Le couple va avoir quatre enfants : Nicolas Guillaume, abbé de Vaubrun, Madeleine-Diane, duchesse d’Estrées. Les deux autres filles deviendront religieuses. Marie-Gabrielle de Bautru de Vaubrun prendra le voile en 1678 et deviendra prieur de la chapelle du Bois Garand à Sautron en Loire Atlantique en 1725. La dernière fille, connue comme Mademoiselle de Vaubrun, entrera également au couvent après une affaire de mariage secret et d’enlèvement impliquant le comte de Béthune en 1689.
Le marquis de Vaubrun fut lieutenant-général des armées du Roi. Il entre au service en 1653, dirige un régiment à compter de 1656. Il devient gouverneur de Philippeville et est envoyé en mission à Berlin, en Suède, à Mayence.
En 1672, les armées de Louis XIV envahissent la Hollande. Vaubrun combat sous les ordres du maréchal de Rochefort. Entrainant des alliances, la guerre va s’étendre des Flandre jusqu’en Alsace. Turenne, général des armées de Louis XIV, passe ainsi le Rhin avec 7 000 hommes en 1674 pour repousser les armées impériales autrichiennes. Le 27 juillet 1675, Turenne est tué d’un coup de canon. Les impériaux crient à la victoire mais les soldats français veulent se venger. “Lâchez la pie (la jument de Turenne), elle saura nous mener à la victoire !”, s’exclament ils.
Tombeau de Nicolas Bautru de Vaubrun dans la chapelle du château de Serrant
Dessin du tombeau de Nicolas Bautru de Vaubrun par Charles Le Brun
Deux hommes se disputent le commandement : il s’agit du comte de Lorges, neveu de Turenne, et du marquis de Vaubrun. Vaubrun se rend en chaise portée au conseil de guerre car il a été blessé quelques jours auparavant au pied par un tir de mousquet. Il veut conduire l’armée à la bataille. Son avis est écarté. De Lorges, plus âgé de deux années et par conséquent légitime à commander, choisit de repasser le Rhin et de retourner en Alsace.
Pendant deux jours, on organise la retraite, les deux armées se faisant face et échangeant quelques coups de canon sans en venir aux mains. Les troupes se replient finalement vers les ponts d’Altenheim.
Mais le 1er août 1675, au moment où elles passent la rivière, les troupes sont attaqués par l’armée de Montecuculli. De Lorge fait front. Mais le marquis Vaubrun aillant désobéi aux ordres a fait passer ses hommes sur la rive gauche. L’armée française est coupée en deux. Comprenant sa faute, le marquis tente de remener son régiment sur l’autre rive. La jambe blessée arnachée à la selle, il prend la tête de la charge. Il est tué d’une balle mais la bataille est gagnée. Trois milles soldats français et cinq milles impériaux périrent dans la bataille. Turenne est vengé, le marquis de Vaubrun efface par son héroïsme le désastre que son indiscipline a provoqué.
Marguerite Bautru, inconsolable, fait construire une chapelle dans le château de Serrant. En 1680, elle charge Sébastien Simoneau, architecte, qui conduira par la suite la fin des travaux de l’abbaye, de réaliser le bâtiment. Le tombeau est l’œuvre de Antoine Coysevox, sculpteur qui officie à la cour du Roi, sur des dessins de Charles Le Brun, peintre de renom. Le mausolée est en marbre noir entouré de deux colonnes en marbre également, surmontées de chapiteau en bronze. Sur les faces du sarcophage, des bas-reliefs en plomb doré montrent le récit de la bataille dans laquelle le marquis perdit la vie. La statue montre le marquis en train de mourir, le bâton de commandement toujours en main, avec la marquise à ses genoux. Au dessus, une victoire descend du ciel tenant un trophée et une couronne.