Portrait de Guillaume III Bautru
Guillaume Bautru est le fils de Guillaume II Bautru, diplomate et poète, membre de l’Académie française, qui acquit le château de Serrant en 1636 et de Marthe Bigot, fille de Louis Bigot, ministre des comptes. Il est né à Angers le 5 mai 1621. Sans doute issu d’un adultère, Guillaume n’est reconnu que tardivement à 18 ans par son père qui n’avait pas d’autre héritier.
A 22 ans, il obtient l’intendance de Touraine puis l’office de chancelier de Philippe d’Orléans. En 1644, il épouse Marie Bertrand, fille de Macé Bertrand de la Bazinière, trésorier de l’Epargne, qui a alors 12 ans. Ce mariage est l’alliance de deux grandes fortunes. De cette union naîtront deux filles. Marguerite-Thérèse Bautru se mariera avec son cousin, Nicolas Bautru, marquis de Vaubrun, lieutenant général des armées du roi. Sa seconde fille, Marie Madeleine épousera, en 1666, Edouard-François de Colbert, frère du ministre de Louis XIV et également lieutenant général des armées. Colbert est propriétaire du château de Maulévrier depuis 1664. En 1677, comme cadeau de mariage, Guillaume III Bautru décide d’offrir à sa fille la construction du nouveau château de Maulévrier confié en 1679 aux architectes Jean Leconte et Michel Guemas, qui œuvre déjà à la reconstruction du château de Serrant. En retour, en 1680, à la demande de Guillaume III Bautru, Colbert, ministre de Louis XIV, fait réaliser des travaux sur la levée de Boyau à Saint Georges.
Après le mariage de son fils, Marthe Le Bigot est autorisée à séjourner au château de Serrant. Elle s’y installe et gère les biens angevins, sous l’autorité d’abord de son mari, puis de son fils. Guillaume II Bautru a fait construire à Paris, sur des plans de Le Vau, un somptueux hôtel particulier, rue Neuve des Petits Champs, au cœur du nouveau quartier élégant qui s’édifie, près du Palais Cardinal (Palais Royal aujourd’hui). Il y réside avec son fils Guillaume III, et revient de temps en temps dans son château saint-georgeois.
La comtesse de Serrant, Marie Bertrand de la Bazinière participe activement à l’agrandissement du château de Serrant. Ses relations avec sa belle-mère sont difficiles. Marthe Le Bigot se retire sur ses terres de Montreuil. Mais la comtesse meurt brutalement en 1655. Guillaume III, dit Monsieur de Serrant a mené jusque-là, la vie d’un grand seigneur entre son hôtel de Paris et son château angevin. Devenu veuf, il quitte la chancellerie et se retire au château de Serrant qu’il continue d’aménager et d’agrandir.
Né en 1585, Guillaume II, vieilli, souffre de crises de goutte de plus en plus fréquentes. Il est presque impotent. Il meurt à Paris le 7 mars 1665. Et lorsqu’on voulut utiliser la chapelle de son hôtel particulier, on la trouva encombrée, en désordre, hors d’usage. Bautru le libertin qui avait si amoureusement commencé la prestigieuse bibliothèque de Serrant, avait négligé le lieu de culte de son hôtel. Peu étonné, Guillaume III, son fils, déclare : « Monsieur de Bautru se souciait aussi peu de sa chapelle qu’il avait soin de sa cuisine et de sa bibliothèque ». Guillaume II Bautru est enterré à Paris, paroisse Saint Eustache.
Devenue aveugle, souffrant d’escarres, de gangrène à la jambe et au pied, Marthe Le Bigot, qui effectue de longs séjours à Serrant depuis la mort de sa belle-fille, meurt en juin 1672, rongée sans doute par le diabète. Elle est inhumée dans son château de Mihervé, où elle a vécu ses dernières années, paroisse de Courchamps, près de Montreuil-Bellay.
En 1675, Nicolas Bautru de Vaubrun, beau-fils de Guillaume III, meurt aux combats. Marguerite Bautru, fille de Guillaume III, fait ériger dans le château de Serrant une nouvelle chapelle sur les plans de Hardouin Mansart. Sébastien Simonneau, qui dirigera les travaux de l’abbaye de Saint Georges, réalise le bâtiment, tandis-que Coysevox sculpte le monument funéraire, sur un modèle de Charles Lebrun, deux artistes de renom.
Marie Bertrand de la Bazinière, femme de Guillaume III Bautru
Le château de Serrant en 1795
Guillaume III fait la connaissance de Louise Chalopin, veuve de René de Racapé, qui habite le château voisin de Chevigné. Les deux âmes esseulées se fréquentent. En 1680, le comte de Serrant est présent aux côtés de la jeune veuve pour la bénédiction de la chapelle consacrée à Saint Louis et Saint guillaume sur les terres de Chevigné. Les rumeurs circulent… Le roi Louis XIV, que madame de Maintenon a ramené à la vertu, s’inquiète du relâchement des mœurs dans son royaume. Sur son injonction, Lepelletier, évêque d’Angers vient s’informer au château de Serrant. Monsieur de Serrant lui montre alors l’acte de mariage qui l’unit à Louise Chalopin. Les Annales de la Cour et de Paris pour les années 1697 et 1698 rapporteront cette histoire qui sera, plus tard, largement reprise.
Retiré dans son beau château de la vallée de la Loire, Monsieur de Serrant gére avec un soin méticuleux et exigeant son très vaste domaine. Grand amateur de lettres antiques, il va faire partie de l’Académie royale d’Angers à sa fondation en 1685. Cette institution composée de trente membres issus du clergé, de la noblesse et des notables avait pour objet les sciences, les arts et les belles-lettres. Il en sera le directeur en 1689. Il y côtoiera Jean-Louis Caton de Court, abbé de l’abbaye.
En 1700, son petit-fils, Nicolas Guillaume de Bautru, fils du marquis de Vaubrun, dit l’abbé de Vaubrun, est renvoyé de la cour. Il est assigné au château de Serrant qu’il ne quittera pas durant neuf ans. En 1708, Louise Chalopin meurt. Affecté par tous ces malheurs et par la maladie qui le ronge depuis quatre ans, Guillaume III Bautru meurt à Serrant le 7 septembre 1711, à l’âge de 92 ans. Il est inhumé à l’église abbatial de Saint Georges sur Loire dans le caveau de la chapelle du Rosaire aujourd’hui disparu.