Saint Georges Patrimoine

Pierre-Henri Marchand

1752-1833

signature de pierre henri marchand

Signature de Pierre-Henri Marchand dans le registre de Baracé en 1779 (ADML)

Pierre-Henri naît le 14 avril 1752 à la Flèche. Son père est menuisier. Il devient diacre, au Mans, le 28 mai 1774 puis vicaire de Saint Pierre d’Angers le 6 août 1776.

Sur la recommandation de François-Yves Besnard qui a décliné l’offre,  le seigneur de La Lorie, dont le château était situé à la Chapelle sur Oudon près de Segré, fait de Pierre-Henri Marchand le précepteur de son fils, Charles Auguste Constantin. Mais l’enfant décède, avant ses dix ans, le 15 avril 1778. Pierre-Henri Marchand devient alors curé de Baracé, près de Durtal, le 14 février 1779. Il est toujours dans le village quand éclate la Révolution. Il prête alors serment le 16 janvier 1791 devenant procureur puis officier public tenant les registres. Pierre-Henri Marchand va alors participer activement à la Révolution, faisant preuve d’audace dans ses propositions. Ainsi, le 24 août 1793, par courrier, il recommande au ministre des cultes de légiférer contre le célibat des prêtres. « Le célibat est l’ennemi de la nature, le poison des sociétés, la source de toute corruption. Hâtez-vous de décréter que nul célibataire ne pourra être représentant, fonctionnaire public ni curé », conseille-t-il.

Ses idées et sa ferveur le font prendre de nouvelles responsabilités : le 6 octobre 1793, il devient membre du Directoire du département. Il quitte alors Baracé et s’installe à Angers. Le 8 mars 1794, il renonce même à la foi chrétienne. Cependant, suite à la loi du 21 février 1795 qui rétablit la liberté de culte, il exerce de nouveau le culte constitutionnel à Baracé. Mais le curé reste convaincu par les idées révolutionnaires : il célèbre les cérémonies non plus le dimanche mais au décadi, la semaine révolutionnaire durant désormais 10 jours. Ces positions lui attirent les foudres des plus traditionalistes. Par peur des chouans, il se réfugie à la Flèche en août, où il retrouve le calme, « les chouans n’ayant pas pénétré jusqu’à ces communes ».  Il tient alors plusieurs discours au club Révolutionnaire de la ville.

Il est délégué départemental de Maine et Loire au concile constitutionnel de Paris, du 15 août 1797. Durant cette réunion, 34 évêques et 10 représentants de diocèses dépourvus de pasteurs prêtent « serment de haine à la royauté et à l’anarchie ». Le concile se déroule sans encombre malgré le coup d’état du 18 fructidor, le 4 septembre, au sein du Directoire ; les ecclésiastiques quittent Paris le 15 novembre 1797. A son retour, il est nommé Lecteur par l’Assemblée primaire du canton de Durtal le 21 mars 1798.

Agent zélé et plein d’ardeur, Pierre-Henri Marchand devient un peu trop influent. Il est dénoncé pour avoir, soi-disant, tenu des propos anti-républicains et fanatiques, opposant le Gouvernement et la Religion. Le 24 novembre 1798, il fait parvenir au ministre de la police, une pétition où il récuse les faits qui lui sont reprochés. Il accuse ses dénonciateurs d’être issus du milieu chouan et il rappelle son dévouement à l’administration révolutionnaire. Malgré cet argumentaire, le Directoire exécutif prend un arrêté contre lui le même jour. Il est emprisonné à la Rossignolerie, aujourd’hui le lycée David D’Angers, avant d’être exilé sur l’île de Ré, le 12 janvier 1799. Il est libéré le 10 août 1799 sur l’intervention de Michel-Louis Talot, homme de loi, politique et militaire, député du Maine-et-Loire. Sa liberté retrouvée, le Curé de Baracé publie une pétition où il demande la mise en liberté de quatorze malheureux patriotes détenus avec lui.  Pierre-Henri Marchand rentre dans sa famille mais, dès février 1800, il reprend le culte à Baracé. Il est de nouveau député au concile constitutionnel de Paris de 1801.

eglise de barace

L’ancienne église de Baracé

portrait de Charles montault, évêque d'angers en 1802

Charles Montault, évêque d’Angers en 1802

Le 11 août 1801, le préfet de Maine et Loire adresse au ministre de l’intérieur sa « liste des prêtres qui pouvaient mériter la confiance du gouvernement ». Marchand y figure en bonne place. Il y est décrit comme « curé de bonne mœurs, à la conduite sans reproches ». Le préfet explique qu’il lui a été proposé de devenir évêque constitutionnel. L’abbé Marchand a refusé.

Suite à la signature du concordat entre Napoléon et le Pape Pie VII, en 1801, le culte en France est réorganisé après la période révolutionnaire. Pierre-Henri Marchand finit par se soumettre à Mgr Montault, évêque concordataire d’Angers, ordonné en 1802, non sans l’avertir qu’il ne renonce en rien aux idées de la Révolution. Le 19 juin 1802, il écrit à l’évêque , originaire du Poitou et fraichement arrivé en Anjou, pour le prévenir de l’idéologie réactionnaire de certains prêtres : « Tout est employé pour consommer la défaite de ceux qui ont sauvé la religion et la patrie. On ose soutenir que nos évêques ont donné leur rétractation et accepté une réconciliation humiliante et contraire à leurs principes. (…) Jésus-Christ, abandonné des siens, meurt attaché à la croix par des prêtres. Je périrai, s’il le faut, comme mon Maître, et ma conscience sera mon lit de repos », écrit-il. L’abbé Marchand avait longtemps soutenu l’abbé Bernier, évêque d’Orléans, qui, chargé par Bonaparte de la signature du Concordat, voulait organiser l’Anjou. Mais l’évêque d’Angers s’appuyant sur le ministre des cultes, Portalis, avocat et politique, connu pour être l’un des rédacteurs du code civil de Napoléon en 1804, écarta Bernier

L’abbé Marchand était également proche du général Girardon, commandant du département de Maine et Loire. Ce dernier avait une influence notable sur Portalis. Il fit remonter à Paris que plusieurs curés d’Anjou semaient les germes d’une nouvelle guerre civile dans leur paroisse. L’évêque d’Angers est alors reçu par Napoléon devant qui il soutient que « la paix règne en Anjou, aucun prêtre ne songe à troubler le gouvernement ».

Ces relations avec l’évêque ont certainement nuit à Pierre-Henri Marchand. En 1802, une notice sur les prêtres non-rétractés dit de lui : »Il eut été à désirer que Monsieur l’évêque l’eut fait vicaire général ». C’est grâce à l’intervention de Portalis que Marchand devient curé de Saint Georges sur Loire en décembre 1802, après s’être soumis au concordat.

Le 6 avril 1807, l’abbé Marchand prévient Portalis, devenu ministre des cultes, qu’il va démissionner « car sa santé s’altère de plus en plus ». En juin 1808, il assiste à la visite de Napoléon au château de Serrant et à la fête offerte par Louise de Vaudreuil en l’honneur de l’Empereur. Il est nommé par l’évêque, curé desservant de Baracé, le 21 décembre 1808. Puis il retourne à Saint Georges le 1er juillet 1810 où un autre curé Julien François Martin est en fonction depuis février 1809. Le 17 février 1812, il devient curé desservant de Saint Léger des Bois.

Il se retire à la Flèche le 1er juillet 1819. Il décède dans sa maison, rue de l’Hôtel de Ville, le 6 janvier 1833.

Sources : Célestin Port, Perin du Rouvray, L’Anjou Historique tome 44, André Joubert (Une famille de grands prévôts d’Anjou), J.Dumont (Vie de Monseigneur Charles Montault Desilles)