Vol aérostatique du 23 août 1783 au Champ de Mars à Paris réalisé par Jacques Charles
Le lundi 12 avril 1784, une grande effervescence règne au château de Serrant. Dès le matin, les routes d’Angers et de Nantes s’encombrent de voitures, de cavaliers et de piétons pour rejoindre le château. Monsieur le comte, Antoine Joseph Walsh, a lancé des invitations de Nantes à Angers, en ville comme à la campagne. Bientôt, le château se remplit : personnalités illustres côtoient les gens du peuple, tous venus assister en masse à un spectacle inédit : le vol d’un aérostat dans la cour du château !
C’est que la conquête du ciel n’en est qu’à ses balbutiements. Le 2 août 1783, moins d’un an auparavant le physicien Jacques Charles avait fait voler un ballon rempli d’hydrogène : le ballon inhabité se pose 25 km plus loin. Et c’est le 19 septembre 1783 que les frères Montgolfier, réalisent le premier vol aérostatique habité depuis les jardins de Versailles devant la cour du Roi époustouflée : à son bord, un canard, un coq et un mouton. Il faut attendre le 21 novembre de la même année pour le premier voyage humain.
En Anjou, on a déjà essayé de reproduire l’expérience : Joseph-Louis Proust qui avait assisté Jacques Charles dans ses vols d’août 1783 tente sans succès de renouveler l’exploit le 6 décembre 1783, de même que Monsieur d’Autichamp le 2 avril 1784 depuis l’enceinte du château d’Angers. Ils échouent tous les deux.
Ce 12 avril 1784, c’est donc devant un parterre de personnalités distinguées et curieuses que Monsieur L’Aligant de Morillon, physicien amateur nantais, va tenter de réitérer l’exploit ! Il n’en est pas à son coup d’essai. Le 13 Mars 1784, L’Aligant à lancer un petit aérostat depuis la cour du château de Nantes. Après plus de deux heures à remplir le ballon de 40 mètre-cube d’hydrogène, on a frôlé l’incident : quelqu’un a coupé par inadvertance l’attache du ballon mais celui-ci s’est envolé devant la foule en joie.
Ce 12 avril 1784, tout semble aller pour le mieux : les conditions météorologiques sont idéales et la foule trépigne d’impatience, heureuse de voir décoller cet immense ballon de taffetas vernis de plus de 2 mètres de diamètre attaché à une gondole ornée des armes du comte de Serrant. Mais au moment de lancer l’expérience, un vent d’ouest vient renverser l’appareil ! Un vent de déception souffle sur l’assemblée. Antoine Walsh, en maître de cérémonie avisé, décide, par une décharge d’artillerie, de convier les invités au dîner servi dans la grande galerie du château au son d’une musique harmonieuse et festive.
Profitant de la diversion, L’Aligant de Morillon aidé de son ami Vanneunen redouble de zèle et de courage pour rétablir l’appareil. Malgré le vent, ils ne perdent pas espoir de le voir voler aujourd’hui. Après deux heures de travail acharné, le ballon est de nouveau redressé, rempli de gaz inflammable. Une nouvelle décharge d’artillerie annonce la bonne nouvelle. La foule se presse pour voir l’appareil s’élancer dans les airs, comme libéré de la pesanteur. Il est 16h42. Huit minutes plus tard le ballon a disparu dans le ciel. Vingt minutes plus tard, une forte averse de grêle met fin de manière prématurée aux festivités.
Le lendemain, la météo étant de nouveau plus clémente, on procède, devant le peu de personnes qui sont restées au château, à un second vol. Il s’agit d’un ballon de papier, suivant le procédé des Montgolfier, de 4 mètres de diamètres et de 6 mètres de haut qui s’élève très haut dans le ciel. Un peu plus tard, un peu avant 18h, trois jeunes garçons de Coutures retrouvent un drôle d’engin échoué près de Saint Rémy la Varennes. Le ballon lancé la veille, qui n’a semble-t-il subit que peu de dégât, a parcouru plus de trente kilomètres en vol libre.
Sources : L’Anjou Historique 1901 d’après les Affiches d’Angers de 1784
Les débuts de l’aérostation de Chapalain Nougaret
Vol aérostatique du 19 septembre 1783 à Versailles par les frères Montgolfier