Portrait de Lucien Magne par Felix Henri Giacomotti
Lucien Magne fait partie d’une illustre famille d’architectes. Son grand-père, Pierre Magne, a assuré les fonctions d’architecte de la ville d’Etampes dans l’Essonne. Il y réalisa notamment une prison, la sous-préfecture, le collège… Son père, Auguste-Joseph Magne sera nommé inspecteur des travaux de la ville de Paris par le baron Haussmann et il réalisera plusieurs marchés couverts de la capitale dont les grandes halles parisiennes. Le fils de Lucien Magne, Henri-Marcel s’illustrera, lui, comme peintre et décorateur notamment de la basilique du Sacré Cœur de Montmartre. Lucien Magne va, quant à lui, restaurer et moderniser, à la fin du XIXème, l’un des plus beaux monuments de Saint Georges sur Loire : le château de Serrant.
Lucien Magne naît à Paris le 7 décembre 1849. Il est formé à l’Ecole des beaux-arts sous la tutelle de son père. Il fréquente également l’atelier d’Honoré Daumet, architecte du Palais de Justice de Paris. Sa formation est interrompue par la guerre de 1870. Il s’engage alors dans l’artillerie de la Garde Nationale mobile de la Seine. Il y croise Eugène Viollet-le-duc, célèbre architecte qui a conduit la restauration de Notre-Dame de Paris au milieu du XIXème. C’est une rencontre marquante qui va influencer la carrière de Lucien Magne qui s’illustrera par la suite dans la restauration de monuments religieux.
En 1873, Lucien Magne rencontre Lucile Le Verrier, fille d’Urbain Le Verrier, célèbre astronome, découvreur de la planète Neptune. La jeune fille, élève du compositeur César Franck, tombe amoureuse. Ils se marient et ont un fils en 1877, Henri-Marcel.
Lucien Magne va débuter sa carrière aux côtés de son père à la ville de Paris, d’abord comme conducteur de travaux puis comme inspecteur en 1875 avant de devenir architecte en 1885. Lucien Magne va parallèlement œuvrer dans la restauration d’édifices religieux : dès 1874, il travaille pour le Comité des diocésains. En 1877, il est nommé architecte du diocèse d’Autun puis, en 1888, à Poitiers. Il va restaurer les églises de Montmorency et de Taverny dans le Val d’Oise, ou encore de Bougival dans les Yvelines.
Lucien Magne entre au service des Monuments historiques en 1878, d’abord dans le Maine et Loire et la Seine et Oise, puis, en 1892, pour Bordeaux. En 1894, il participe à la Commission internationale chargé de la conservation du Parthénon d’Athènes. Il devient membre de la commission des Monuments historiques en 1896 puis inspecteur général.
Lucien Magne va également chercher à transmettre ses connaissances : il est professeur d’histoire de l’architecture à l’école des beaux-arts de Paris à partir de 1891 et professeur d’art appliqué aux métiers au conservatoire des Arts et Métiers à partir de 1899. En 1899, il est l’un des organisateurs de l’Exposition Universelle de Paris. Il enseignera jusqu’à sa mort en 1916.
Lucien Magne a certainement connu l’Anjou dans sa jeunesse : son père, Auguste-Joseph est chargé de 1869 à 1871 de reconstruire le Grand théâtre d’Angers suite à son incendie de 1867. En 1878, Lucien Magne travaille au service des Monuments historiques du Maine et Loire. Il va alors faire de nombreuses campagnes de restauration : le logis Pincé, l’abbaye Saint Serge et la tour Saint Aubin à Angers, l’abbaye de Fontevraud, l’église du Puy Notre Dame à Doué la Fontaine, le château de Saumur…
C’est le duc Louis Charles de la Trémoïlle qui charge Lucien Magne des travaux au château de Serrant. Le duc vient d’hériter du château et il souhaite moderniser son intérieur et restaurer son faste d’antan. Il s’agit d’installer dans le château tout le confort moderne : chauffage, électricité, eau courante, le château doit entrer dans l’ère moderne ! Mais le duc est aussi féru d’histoire et Lucien Magne va travailler pour retrouver l’esprit initial du château cherchant à redonner son aspect originel conçu par Jean Delespine à la Renaissance. Dans le parc qui a été réaménagé de nombreuses fois, Lucien Magne va faire réapparaître les parterres symétriques des jardins à la française. Les travaux vont débuter en 1894 et se poursuivre jusqu’au début du XXème siècle.
En 1901, il devient inspecteur général adjoint des édifices diocésains de Paris. Il prend la suite des travaux de la basilique du Sacré Cœur de Montmartre, débutés en 1884, de 1904 à 1916. A sa mort, Il faudra encore 8 ans pour achever le chantier.
Il meurt à Eaubonne le 15 juillet 1916 et repose au cimetière de la ville.
Projet de Lucien Magne pour l’aménagement de l’avant cour du château de Serrant
Dessin du complexe abbatial de Lucien Magne (fin du XIXème)