La signature d’Augustin Gournay (ADML)
Augustin Charles François de Paule Gournay est né à Mayenne le 4 octobre 1748. Son père était juge. Son frère, François-René, avocat au parlement à Mayenne puis juge de Bourgnouvel, fut député aux états généraux, membre de l’Assemblée Constituante et maire de Mayenne.
Augustin Gournay entre dans l’Eglise le 4 septembre 1768 à Saint Geneviève à Paris. Il est étudiant en théologie à la Roë en mayenne avant d’être ordonné diacre puis prêtre en 1774. Son premier poste est à Saint-Georges sur Loire comme vicaire où il arrive le 25 novembre 1774. En 1781, il est nommé curé de Mée. Il résigne son poste de Mée pour revenir à Saint Georges comme prieur de l’abbaye, le 2 janvier 1784 succédant à Antoine Panay de Champotier, devenu prieur -curé de Saint Augustin des Bois. Mais son retour ne va pas être bien accueilli : les chanoines de l’abbaye lui reprochent des travaux à Mée payés par la mense conventuelle de l’abbaye de Saint Georges et non pas par ses ressources personnelles. Un procès débute.
Au printemps 1789, Pierre Simon prieur de Geneston, est missionné par l’abbé de Saint Geneviève dont dépend l’abbaye de Saint Georges depuis 1658, pour examiner les comptes de Gournay. Le commissaire va éplucher les comptes depuis 1784 et la nomination de Gournay comme prieur. A son arrivée, celui-ci trouve une abbaye fortement endettée (plus de 21 000 livres de dettes) et ayant besoin de lourdes réparations qu’il évalue alors à 40 000 livres. Il va lancer de grands chantiers financés par des emprunts. En 1789, quand le commissaire arrête les comptes de l’abbaye, il acte des dettes de plus de 70 000 livres, bien au-dessus des moyens de l’abbaye. Devant les charges retenues contre lui, Gournay abandonne sa charge de prieur en août 1789, mais reste curé de Saint Georges
Il quitte la maison conventuelle et s’installe dans un logement individuel du bourg. Le chapitre ne reproche pas tant les emprunts réalisés par Gournay que leurs usages : engagement de domestiques qui coûtent 950 livres par an, achat d’argenterie, de toile… D’autant plus que le couvent a toujours besoin de réparations : un procès-verbal de 1788 évalue le montant à 27 716 livres. La Révolution va certainement sauver Augustin Gournay d’une situation juridique plus que délicate.
Contraint de suspendre ses fonctions ecclésiastiques en 1794, il prête serment à la République comme les deux derniers vicaires de l’abbaye, François Coudroy et Antoine Vallée. Il devient agent municipal et rédige les actes de l’état civil pendant la Révolution avec l’ancien vicaire Coudroy, devenu son adjoint. Il démissionne le 20 pluviose de l’an IV selon le calendrier révolutionnaire, c’est-à-dire le 20 février 1796. Dans sa lettre de démission, il estime ne pas être compétent pour remplir les missions qui lui incombent. Le citoyen Oger, administrateur du canton de Saint Georges appuiera sa demande auprès du département, estimant que “c’est un brave homme, fort juste et incapable de faire le mal”. A la même période Coudroy lui est emprisonné car il est soupçonné d’avoir rétracté son serment et d’être en contact avec les armées vendéennes stationnées dans les Bois de Saint Augustin. Gournay va donc reprendre le culte à Saint Georges mais comme le signale le citoyen Pierre Gourdon dans son rapport au département en 1798, “dans le respect des valeurs de la Révolution” et faisant preuvee de “soumission aux lois républicaines”. Le 4 août 1798, la municipalité invite le curé Gournay “à faire usage de l’ère républicaine, à annoncer les decades et les fêtes nationales à ses fidèles”. Il finit par quitter la commune et se retire au château de Glaintin chez une de ses sœurs, à Saint Fraimbault de Prières, en Mayenne. Après le concordat, en 1803, il sera nommé curé de Notre Dame de Mayenne où il meurt le 4 novembre 1804.
La signature de Gournay en 1793 alors qu’il devient officier d’état civil