Acte de baptème de François Coudroy à Beaugency en 1761.
Signature du vicaire Coudroy dans les registres de 1788
Signature du curé Gournay dans les registres de 1789 (ADML)
François Coudroy nait le 5 mars 1761 à Beaugency dans le Loiret.
Il étudie à l’abbaye Saint-Pierre d’Évaux en 1783 puis à l’abbatial Toussaint d’Angers en 1784. Il devient sous-diacre en 1784 puis diacre en 1785 au Mans. Il est nommé vicaire à Saint-Georges le 22 mars 1786. Il fait donc partie des chanoines présents à l’abbaye pendant la Révolution alors qu’en 1790 l’Assemblée Nationale vote la suppression des vœux monastiques. Le 4 octobre de la même année, il est interrogé sur ses intentions. Il déclare ne pas souhaiter quitter le cloître tant que celui-ci subsistera.
Mais, avec le décret du 27 novembre 1790, ratifié par le roi le 26 décembre, on exige de tous les ecclésiastiques salariés le serment de fidélité à la nation, à la loi et au roi et de maintien de la constitution décrétée par l’assemblée, sous peine d’être poursuivis comme perturbateurs de l’ordre public et démis de leur fonction. Coudroy prête serment à Saint André des Eaux dans le diocèse de Nantes, le 27 mars 1791.
Les autres chanoines de l’abbaye deviennent curés des villages voisins : Saint Laud d’Angers, Saint Florent le Vieil ou Pouancé. Augustin Gournay, ancien prieur de l’abbaye, devient curé de Saint Georges que l’on appelle alors Beausite.
Coudroy, vicaire, continue de tenir les registres paroissiaux jusqu’au 24 octobre 1792. A partir de cette date, les registres doivent être tenus par un officier d’état civil. Gournay devient officier public et Coudroy, officier public adjoint.
Gournay est fils d’avocat. Son frère, François René, est membre de l’Assemblée Constituante. Contraint de suspendre ses fonctions ecclésiastiques en 1794, il devient agent municipal avant de démissionner le 20 pluviose de l’an IV selon le calendrier révolutionnaire, c’est-à-dire le 20 février 1796. Il quitte la commune et se retire au château de Glintin chez une de ses sœurs, à Saint Fraimbault de Prières, en Mayenne. Après le concordat, il sera nommé curé de Notre Dame de Mayenne où il meurt le 4 novembre 1804.
Coudroy cesse ses activités d’agent municipal en 1794 mais reste à Saint Georges. Le 30 mai 1795, la loi permet la réouverture des églises si bien que Coudroy se présente à la municipalité le 29 juin de la même année pour déclarer la reprise de l’exercice du culte. Mais l’église de Saint Georges est en piteux état : les biens ont été vendus, ce qui restait a été vandalisé, le bâtiment est toujours occupé par les troupes de la République. Des habitants adressent une pétition à la municipalité. Devant le manque de réactivité, les pétitionnaires envoient leur requête au procureur général du département. Peine perdue : l’église ne sera pas rendue aux habitants.
Le vicaire Coudroy logé à l’auberge des Trois Rois, exerce son ministère dans sa chambre et dans les environs de Saint Georges, à Saint Martin du Fouilloux et au Plessis Macé. Saint Georges se retrouve alors au cœur du conflit qui oppose les chouans aux forces républicaines. Quand la commune est déclarée en état de siège par les républicains, Coudroy est dénoncé par des habitants. Il s’est rendu au camp des chouans de Saint Augustin pour y tenir des offices. Le 1er janvier 1796, le citoyen Oger, commissaire de l’administration municipale, tente d’intercéder en sa faveur. « Le citoyen Coudroy va partout dans le pays occupé par les chouans, sans les craindre, confesse et administre les sacrements. On dit qu’il s’est rétracté de son serment : tout cela n’est point prouvé. On voit tous les jours chez lui des mariages et des baptêmes, on lui apporte les enfants des communes de Champtocé et des environs. Nous n’avons point de preuve qu’il prêche la révolte ni la rébellion. »
Mais une semaine plus tard, Oger semble avoir changé d’avis sur Coudroy. Il presse les autorités d’agir craignant, sans doute, des troubles publics. « C’est pour tout dire sur son compte un vrai moine en toute la force du mot, aristocrate de tout temps et mauvais sujet de profession : aimé du paysan, haï des habitants du bourg. On veut absolument le chasser d’ici. » C’est que Coudroy refuse de prêter serment et que ses offices deviennent de véritables fêtes qui débordent sur la voie publique. « Il y a quelques jours, un enfant fut porté en triomphe avec tous les tambours du bataillon. »
Signature de l’officier public adjoint Coudroy en 1793 (ADML)
Signature de l’officier public Augustin Gournay en 1793 (ADML)
Le courrier de la mairie de Chemillé pour le transport du corps du curé Coudroy jusqu’à Saint Georges en 1838 (ADML)
Réponse de la mairie de Saint Georges confirmant l’inhumation du curé Coudroy dans le cimetière du village (ADML)
Le 21 mars 1796, Coudroy, accusé d’avoir rétracté son serment envers la République, est arrêté et emprisonné à Angers. Le 26 mai, il fait parvenir au citoyen Faugeron une lettre où il lui demande assistance. « J’ai comparu devant le directeur du Jury : il paraît que la dénonciation de la municipalité qui m’accuse d’allumer la guerre civile dans le canton est ce qui touche le plus la justice. Je vous prie de convoquer la municipalité et vous reconnaitrez la vérité du fait dont ils sont disposés à faire l’aveu. »
Coudroy est remis en liberté le 11 décembre 1796, on le retrouve au Plessis-Macé. Il sera de nouveau emprisonné pendant six mois en 1799.
En 1800, après le coup d’état du 18 brumaire de Napoléon, il devient le curé constitutionnel de Beaufort-en-Vallée, nommé par Jean Meilloc, abbé du séminaire d’Angers.
Puis il passe à la Trinité, à Trélazé, à Champtocé. Il se soumet au Concordat de 1802. Il poursuit ses pérégrinations : en 1802, Sermaise ; en 1803, Saint Mathurin et la Trinité. Il devient curé de Notre Dame de Chemillé le 3 août 1811.
En 1830, Coudroy est de nouveau en difficulté : il entre en conflit avec l’évêque légitime qui l’interdit et nomme un autre curé, Mathurin Brémond, le 11 Mars 1832. L’évêque est conscient de la situation. Il témoigne : ” Monsieur Brémond se trouve en face d’un prêtre interdit, égaré par des passions politiques, suivi par quelques paroissiens et soutenu dans sa révolte contre l’évêque par le gouvernement de Louis Philippe.”
Malgré les pressions, François Coudroy ne cède pas. Il reste à Chemillé où il meurt le 15 décembre 1838. Il voulait être inhumé à Saint-Georges. La mairie de Chemillé fait transporter le corps du curé dans un cercueil de plomb jusqu’à Saint Georges. Contrairement à ce qui a pu être écrit, la commune accède à la dernière volonté du curé Coudroy qui est inhumé dans le cimetière de Saint Georges.
A son décès, il lègue une rente de 200 francs à l’hospice de Beaujency au capital de 4 000 francs et une autre rente annuel de 150 francs aux pauvres de la commune de Saint Georges sur Loire au capital de 3 000 francs.
Sources :
L’Anjou historique, 01/03/1912, Les Génovéfains de Saint-Georges-sur-Loire pendant la Révolution., pages 472 à 485
Acte de décès de François Coudroy en 1838 à Chemillé (ADML)