Saint Georges Patrimoine

Guillaume Bautru

1588-1665

Portrait de Guillaume Bautru
signature de Guillaume Bautru II

Poète satirique, protégé de Richelieu, il acquiert le château de Serrant en 1636 où il y conservera les premiers volumes de la fameuse bibliothèque et lancera les premiers travaux de construction qui propulseront Saint Georges dans le Grand Siècle.

Guillaume Bautru, comte de Serrant est né à Angers en 1588 et mort à Paris le 7 mars 1665.

En parfait « honnête homme » du XVIIe, il va cultiver le goût des bons mots dans des poèmes satiriques qui lui permettront d’entrer à l’Académie Française où il a pour voisin le grand Corneille.

Fils de Guillaume Bautru, magistrat protestant angevin, Il hérite en 1610 de la charge prestigieuse acquise par son père de maître des comptes à Paris. Fidèle de Marie de Médicis, il la suit dans son exil à Angers en 1617. Bautru commande alors une troupe de 70 hommes devant le château des Ponts-de-Cé pour le compte de la Reine, bientôt vaincue par les hommes de son fils, le roi Louis XIII. Commence alors pour Bautru une longue carrière diplomatique dans laquelle on peut relever des moments particulièrement importants. En 1625, il est chargé de négociations dans l’affaire de la Valteline, une province alpine où s’affrontent les Habsbourg d’Autriche et d’Espagne, et les Français au prétexte de soutenir pour les uns les catholiques, pour les autres les protestants. En 1628, il mène pour son roi une mission dans la difficile succession du duché de Mantoue, en Lombardie. En 1628, encore, il s’acquitte avec brio d’une démarche auprès de Georges Villiers, duc de Buckingham, car l’Angleterre soutient la ville de La Rochelle, place forte protestante, révoltée contre le pouvoir royal. Protégé de Richelieu, Bautru, pendant toutes ces années, court l’Europe afin d’accomplir de délicates et discrètes missions diplomatiques. Il reste, envers et contre tout, un proche de Gaston d’Orléans, frère rebelle de Louis XIII, dont il partage les goûts de vie libertine, fréquentant les poètes et participant aux fêtes de la cour de Blois, qu’anime le jeune prince. Il manifeste, de manière originale dans cette société dévote, un véritable irrespect pour la religion.

En 1636, Guillaume Bautru achète le château de Serrant et ses terres, vendus par Hercule de Montbazon ruiné. Le duc lui inspire le poème “L’onosandre ou le Grossier, satyre”.

Comme la chancellerie royale lui a adressé, sans doute par erreur, un courrier au nom de monsieur de Bautru, comte de Serrant, il s’empare de la particule nobiliaire et du titre de comte. En réalité la terre ne sera érigée en comté qu’un siècle plus tard. A-t-il inspiré, comme on a pu le prétendre, Molière pour son Bourgeois gentilhomme ?

Il est désormais un véritable seigneur et il va gérer son domaine avec rigueur. Il entreprend de grands travaux intérieurs et extérieurs qui attirent de nombreux artisans à Saint Georges. Pour nourrir tout ce monde, et maintenir cette effervescence, des achats de blé, de farine, de viande, d’œufs, de beurre, d’huile sont régulièrement effectués en grande quantité. Cela va provoquer dans les châteaux environnants et l’abbaye du lieu une fièvre de construction et faire de Saint-Georges, un village du grand siècle. Guillaume s’emploie aussi à embellir l’intérieur du château : le très beau cabinet d’ébène qu’il est possible d’admirer encore aujourd’hui, attribué à Pierre Gole semble bien avoir été commandé par Bautru.

Un autre souci du châtelain, c’est la bibliothèque que cet homme de culture s’applique à constituer, à enrichir de nombreux livres d’histoire, d’histoire des grandes familles, de géographie, de philosophie, de théologie, d’œuvres littéraires anciennes et contemporaines, d’architecture…

Les écrits du Romain Vitruve y côtoient ceux de l’Arabe Averroès, de saint Augustin, du philosophe-astronome Pierre Gassendi et aussi les Essais de Montaigne ou les Chroniques d’Anjou de Bourdigné, preuves d’une insatiable curiosité et d’une grande ouverture d’esprit.

Dans ce beau décor, on dit qu’il reçoit à la fin août 1661 le roi Louis XIV, en route pour arrêter à Nantes le surintendant Nicolas Fouquet. Aucune preuve historique, si ce n’est un poème attribué à Saint-Amant, écrit pour rassurer la reine Marie-Thérèse et la reine mère restées à Paris.

« Dans un assez grand bois, qui Serrant environne,

Maison digne du maître, aussi belle que bonne

Dans un vieux chemin creux un maladroit cocher

Qui ne doutait de rien nous fit tous embourber… »

Dessin du château de Serrant en 1690
Bibliothèque du château de Serrant