Saint Georges Patrimoine

Les Années terribles

1914-1918 Première Guerre Mondiale

monument au morts du cimetière

Le monument aux morts dans le cimetière du village

Comme pour l’ensemble de la population, la Première Guerre Mondiale fut éprouvante pour les habitants du village.

Le 2 août 1914, le Dr Barrot, maire d’Angers, avait lu devant une foule émue et surtout anxieuse, l’annonce de la mobilisation générale. Les hommes allaient partir pour un conflit que tout le monde annonçait court. A Saint-Georges, un dernier mariage est célébré à la fin du mois de juillet. La vie du village est suspendue. Les mauvaises nouvelles arrivèrent trop vite. Le 23 août, dans les combats acharnés au cœur des Ardennes Belges, trois jeunes saint-georgeois de 23, 25 et 26 ans sont tués, ils étaient agriculteur, mineur et domestique agricole. Ils sont suivis par d’autres victimes : 7 en septembre, 3 en octobre, 6 en novembre et 2 en décembre. En cinq mois, 21 familles avaient été touchées dans un village qui comptait alors un peu plus de 2 200 habitants.

Dans le bourg, la vie est difficile aussi. Les femmes assurent tous les travaux de la ferme ou de l’atelier, afin de produire et de remplacer les absents. Pour faire les moissons, le préfet nomme quatre hommes de 45 ans qui n’ont pas été mobilisés. Le village est réquisitionné : l’armée s’était déjà emparée de presque tous les chevaux. Pour répondre à ses besoins de vivres, on prit également les animaux, les harnais, le foin, la farine, les légumes, le vin…. A saint Georges, c’est le quart de la récolte qui est acheminée vers les gares de Chalonnes et Champtocé en 1915. Les automobiles sont aussi recensées : il y en a alors sept dans la commune.

Photgraphie de soldats lors de la première guerre mondiale

Jean Gentilhomme, originaire de Saint Georges

En septembre 1914, le conseil municipal présidé par Louis Cotte de Jumilly vota des secours aux blessés et en décembre de la même année, un crédit pour le transport d’effets militaires confectionnés par les femmes de la commune. Les demandes d’assistance aux femmes seules, aux vieillards se multiplièrent au cours de ces longs mois de pénurie. Le village accueille de plus des réfugiés notamment du Nord.

L’hécatombe sur le front continua : 15 morts en 1915, 12 en 1916 et 10 en 1917. D’autres étaient portés disparus ou déclarés prisonniers.

Le docteur Monprofit, célèbre médecin angevin d’origine saint-georgeoise, avait équipé certaines zones de combat d’autochirs, sorte de blocs opératoires ambulants.

Durant la guerre, la misère et la faim augmentèrent : le pain manquait faute de blé, il fut rationné à partir de 1917. En 1917, il faut accueillir des réfugiés de Belgique, totalement démunis, et leur fournir le logement et l’indispensable pour survivre. La misère fait rage. En avril 1918, le Conseil municipal note : « la pauvreté et parfois la famine font perdre la tête à beaucoup de gens qui volent, et parfois tuent pour se nourrir ».

Afin d’endiguer un peu ce dénuement, une fabrication de vêtements militaires a été organisée dans la commune, pour le compte d’une entreprise d’Angers, la maison Quenion-Dureau. Et le Conseil municipal du 2 décembre 1914 vote un crédit de 150 francs pour que la femme Marie-Jeanne Pichaud (en religion sœur Jeanne-Marie) puisse centraliser, distribuer et diriger ces travaux de couture. Il faut aussi acheminer ces effets militaires jusqu’à Angers. La commune en aura pour 30 francs de frais.

Un autre fléau touche le village qui n’est pas épargné par l’épidémie de grippe dite espagnole à partir de 1916. Les enfants étaient les premières victimes : l’état civil montre ainsi que, parfois, dans une même semaine, deux enfants d’une même famille décédaient. En 1918, on enregistra 45 décès dont 9 de moins de 16 ans, morts pour la plupart en automne, au moment où l’épidémie était particulièrement virulente.

Au bout de quatre années terribles, dans le soulagement de la fin des combats, marquée par l’armistice du 11 novembre 1918, et dans la terrible et interminable (ou insupportable ?) attente du retour des hommes épargnés, avec le formidable espoir de paix définitive que suscite ce calme retrouvé, on décide de célébrer la victoire. Liesse et deuil se mêlent étroitement. Dès 1919, on plante un arbre de la Victoire, sur la place du même nom. Où était-elle, cette place de la Victoire ? Quel nom porte-t-elle aujourd’hui ? Plus personne ne s’en souvient…

Un monument aux morts a été édifié, comme dans tous les villages de France, avec une aide, modeste de l’État. C’est le symbole d’une mémoire, celle de tous ceux qui ont laissé leur vie dans ces affrontements tragiques, monument auprès duquel les familles pourront se recueillir et honorer leurs morts. 78 noms y sont gravés. Henri Renier y fut ajouté en 2018.

À cette période