Signature de Louis Cotte de Jumilly (ADML)
Louis Cotte de Jumilly est né en 1849, à La Chapelle-Saint-Sauveur, village est proche d’Ingrandes. Son père, Jules-Joseph, travaillait comme ingénieur aux mines de charbon de Montrelais, alors prospères. Le grand père de Louis assurait l’importante charge de directeur des mines.
Élevé dans ce milieu aisé, le jeune homme fit des études de droit et devint fonctionnaire sous le second empire : inspecteur de l’enregistrement et des domaines.
Mais en 1870, c’est la malheureuse guerre contre la Prusse et le désastre français de Sedan. L’empire de Napoléon III s’écroule. La défaite est d’une telle importance que les Prussiens s’avancent jusque sous les murs de Paris, au cours d’un hiver marqué par un froid intense et la famine des vaincus. Le ministre de l’intérieur, Léon Gambetta, réfugié à Tours, organise alors la défense du Pays, et pour cela forme l’Armée de la Loire. C’est dans cette armée que combat le jeune Louis Cotte de Jumilly, dès le mois d’octobre 1870, et qu’il participe à la rude bataille du Mans. Les soldats sont obligés après plusieurs jours de combat, de battre en retraite.
La France, écrasée, politiquement bouleversée, voit naître un nouveau régime, celui de la troisième république.
Le jeune lieutenant Cotte de Jumilly, rendu à la vie civile, rentre chez lui, et épouse quelques années plus tard, une Saint-Georgeoise de son rang, Marie Joséphine Meslier. Elle est la fille d’un médecin exerçant à Saint-Georges, et la petite fille d’un autre médecin qui a été maire de la commune entre 1836 et 1848, Adrien Meslier. L’union est célébrée le 12 juin 1877, à la mairie de St Georges, par Marie-Hylas Suaudeau, alors premier magistrat.
Le nouveau ménage s’installe dans la demeure des Meslier, belle maison bourgeoise située dans un grand jardin boisé, au bout de la rue Tubœuf. La jeune mariée se distingue par sa piété et la charité qu’elle prodigue aux plus démunis. La vie s’écoule ainsi, entre bonnes œuvres et engagements politiques pour le mari, aussi dévot que sa femme et fermement conservateur.
En 1908, il est élu maire de Saint-Georges et, au cours des années qui suivent, doit résoudre les problèmes que crée l’inondation de 1910. Certes, il n’y a pas de disparition humaine, mais les dégâts matériels sont énormes. Il faut d’abord porter assistance aux habitants de la vallée, loger les militaires du génie venus les secourir, régler de nombreuses difficultés avec le préfet, répartir les sommes allouées en dédommagement des pertes subies… Louis de Jumilly s’emploie avec énergie à ces multiples charges.
L’année 1914 détruit ce bel ordonnancement : c’est d’abord, en mars, la mort de madame de Jumilly.
Dans son testament, elle lègue à la commune, un ensemble de biens et de terrains, dont sa maison qui devra, selon les termes du testament, devenir un hôpital.
Au mois de juin, devant un conseil municipal ému, le maire donne lecture du testament de son épouse.
La généreuse donatrice demande simplement que soient entretenues à perpétuité les tombes de sa famille où reposent son grand-père, ses parents et où elle reposera ainsi que son mari. Elle souhaite aussi que l’établissement hospitalier qu’elle crée, prenne le nom de Saint-Louis.
L’ensemble est accepté avec reconnaissance.
L’hôpital Saint Louis n’ouvrira qu’en 1928 après la mort de Louis Cotte de Jumilly qui aura contribué financièrement par deux fois en 1923 à sa création. Ancienne maison de retraite, il abrite aujourd’hui des logements privés.
Portrait de Marie Joséphine Meslier
Acte de mariage de Marie Joséphine Meslier et Louis Cotte de Jumilly
Louis Cotte de Jumilly
Quelques semaines après le décès de son épouse, éclate la Première Guerre Mondiale. Et c’est une autre épreuve que doit affronter le maire, de Jumilly. Dès la fin août, arrivent les annonces de « disparition » de jeunes hommes du village, victimes des combats. Les avis de décès sont envoyés à la mairie et il revient au premier magistrat d’avertir les familles. 78 fois, Louis de Jumilly doit effectuer ces démarches. Et s’y ajoutent les détresses causées par la guerre : pendant 4 ans, il faut essayer de secourir une population affaiblie, dépourvue de ressources, et gérer un afflux de réfugiés, parfois mal perçus.
La tâche est lourde, et, si l’on en croit Lory, le premier adjoint, monsieur de Jumilly l’accomplit avec courage et dévouement.
Depuis 1911, il siège au conseil général, représentant le canton de Saint Georges, et là aussi il fait preuve d’assiduité et de travail.
Mais la mort de sa femme l’a profondément affecté, et en 1919, quittant les responsabilités municipales, il se retire à Angers, dans sa maison de la rue Saint-Evroult, entre château et cathédrale. C’est là qu’il meurt, en août 1927. Il a 78 ans. La cérémonie religieuse de ses obsèques se déroule en deux temps : d’abord à la cathédrale Saint-Maurice, puis à Saint Georges où, après un office religieux célébré par l’abbé Marquis, il est inhumé près de son épouse.
La foule de personnalités venues rendre hommage « à cet homme de bien » est nombreuse. Le Petit Courrier relate longuement ces obsèques qui réunissent tout ce que l’Anjou compte de notables, religieux et civils.