Saint Georges Patrimoine

Louis Napoléon Bonaparte au château de Serrant

1849

inauguration du chemin de fer à Angers en juillet 1849

Inauguration du chemin de fer à Angers le 30 juillet 1849

Le 31 juillet 1849, le président Louis Napoléon Bonaparte, futur empereur Napoléon III, déjeune au château de Serrant, 41 ans après la venue de son oncle, Napoléon Ier. Elu après la chute de la monarchie de Juillet en 1848, Louis Napoléon profite d’une adhésion massive dans les campagnes mais a de nombreux opposants politiques notamment dans l’Assemblée. Profitant notamment du développement du chemin de fer, Louis Napoléon va durant tout l’été 1849 voyager en Province pour aller à la rencontre des Français et diffuser ses idées politiques. Gagnant ainsi en popularité, il parcourt la France, se faisant acclamer par la foule et les soldats. Ainsi, à la fin juillet 1849, le président Louis Napoléon inaugure la ligne de chemin de fer reliant Nantes à Tours passant par Saint Georges sur Loire. Il est reçu en chemin par Alfred Walsh et Sophie Legrand au château de Serrant.

La visite du Président en Anjou a débuté le 29 juillet. Louis Napoléon descend de son wagon peu après 16h15 à hauteur des estrades dressées pour l’occasion à Angers. La garde nationale et la foule sont là pour l’accueillir aux cris de « Vive Napoléon ! Vive la République ! ». Le Président est accompagné de plusieurs de ses ministres dont Alfred de Faloux qui se rendra célèbre en 1850 par la promulgation d’une loi sur l’enseignement mais également le général Alphonse Henri d’Hautpoul, ministre des armées. Monseigneur Angebault bénit les locomotives puis Louis Napoléon s’élance à cheval suivi de son état-major et de la garde nationale à travers les rues d’Angers où la foule se masse pour le saluer. Les Angevins assistent depuis des tribunes au défilé sur le Champ de Mars. Mais celles-ci, du fait d’une construction trop fragile, s’écroulent juste après le passage du Président. Ce dernier fait demi-tour, s’enquiert d’éventuels blessés avant de rejoindre la préfecture. Alors qu’à l’intérieur le banquet est accompagné par la musique de la garde nationale, la foule se masse à l’extérieur pour profiter des illuminations et du feu d’artifice.

Le lendemain matin, malgré la pluie, la foule est toujours là pour saluer le départ du Président pour Nantes. Le voyage se fait en bateau à moteur. Sur les berges de la Loire, les badauds cherchent à voir le convoi présidentiel mais les conditions météorologiques rendent bien triste cette descente de la Loire. Louis Napoléon réfugié dans la chambre aménagée et décorée pour lui dans le bateau, fait l’effort de sortir régulièrement saluer la population, interrogeant ses accompagnateurs sur l’histoire de l’armée vendéenne dans ces terres.

Le mardi 31 juillet, l’impatience est grande au château de Serrant. Louis Napoléon était attendu à 11h au château. Les gardes nationaux des communes environnantes mais également femmes et enfants, ouvriers et cultivateurs, sont nombreux dans la cour du château à l’attendre. On apprend bientôt qu’un cheval est tombé sur le côté d’une route et qu’il a dû être abattu, provoquant ainsi plus d’une heure de retard.

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Inauguration du chemin de fer à Tours en juillet 1849

portrait de Louis Napoléon Bonaparte en 1851

Portrait de Louis Napoléon Bonaparte en 1851

A midi passé, le Président apparaît sur la route. Les gardes forment une haie d’honneur et battent du tambour, la population pousse de joyeux vivats et la voiture du Président attelée de quatre chevaux fait au galop le tour de la cour d’honneur avant de s’arrêter devant le perron. La comte Alfred Walsh et la comtesse Sophie Legrand n’ont été prévenus de la visite présidentielle que la veille. Malgré la hâte, les tables ont été splendidement dressées pour accueillir le Président et ses ministres mais les convives préfèrent rester debout autour de la table du Président. A la fin du repas, Alfred Walsh porte un toast « Au Président ! », puis la comtesse conduit leur hôte prestigieux à la chapelle du château.

Dans ses mémoires, le comte de Faloux se souvient de ce court séjour et souligne la beauté du château. La réception fut « splendide.(…) Le Président fut traité en souverain, selon toutes les règles de l’ancienne étiquette. Le maître de maison lui céda sa place à table et ne réclama ses droits que pour porter debout, avec l’excellent vin de la coulée de Serrant, un toast au Président. »

A 13h15, Louis Napoléon remonte dans sa voiture, regagne Angers afin de monter dans un wagon le conduisant à Saumur où sa venue est célébrée par 60 000 personnes.

Source : Le Prince-Président en Maine et Loire (1849), dans L’Anjou Historique, douzième année, 1911

Mémoire d’un royaliste, Le Comte de Faloux