Vue aérienne du lotissement de la Salle dans les années 1970
Destruction de l’ancienne mairie en 1970
Saint Georges sur Loire va connaître en une décennie un développement sans commune mesure. Suivant la dynamique nationale, la commune qui avait peu évolué depuis le début du XXème, va se moderniser avec la construction de nouveaux équipements nécessaires à son expansion. De village rural en 1970, elle va devenir une petite ville à l’entrée des années 80. En 1970, seules 950 personnes sur les 2001 habitants vivent dans le bourg : ce chiffre va plus que doubler en dix ans. De nombreux emménagements ont lieu. En 1980, la commune affiche 2854 habitants. Les saint-georgeois « de souche » ne représentent plus qu’une moitié de la population. C’est un changement important dans la vie du village.
La commune s’urbanise. L’agriculture a toujours une place importante mais le nombre d’exploitations passe de 110, en 1970, à 93 en 1980. Dans le même temps, le nombre de professionnels et de sociétés augmentent de 48% passant de 81 à 120. La modernisation des techniques agricoles a transformé en profondeur les exploitations qui n’emploient presque plus de main-d’œuvre, là où dix ans plus tôt elles étaient le premier employeur de la commune. Des entreprises industrielles et artisanales ont pris le relais et sont désormais, créatrices d’emplois. Saint Georges sur Loire, chef-lieu de canton, dont la vie économique était principalement liée à l’agriculture, devient un pôle commercial avec notamment son marché. Si la zone industrielle d’Arrouët s’est développée modestement, de nombreux commerces se sont installés : coiffeurs, marchand et réparateur de radio et télévision, photographe, plâtriers, peintres, fleuristes, garagiste, taxi-ambulance, marchand et réparateur de cycles, atelier de sérigraphie, restaurant mais également deux banques. En novembre 1979, le centre commercial ouvre place Jumilly.
L’accès aux soins est facilité avec l’installation d’un dentiste, d’un kinésithérapeute et l’ouverture d’une maison médicale avec trois médecins. Le centre de myopathie « La Forêt » est aussi acté le 14 septembre 1974, la construction commence en 1978.
La construction de logements est importante avec 264 permis de construire délivrés en 10 ans ; à titre de comparaison, il n’y en avait eu que 51 entre 1935 et 1967 et 37 entre 1968 et 1970. Quatre lotissements sont achevés en dix ans. Le lotissement de La Salle est achevé en 1970 avec 12 maisons et l’immeuble collectif de 14 logements, suivi par la construction d’une deuxième tranche de 4 logements en 1973. Le lotissement des Fontaines et ses 58 logements sont livrés entre 1973 et 1978. Enfin, c’est le lotissement de Nisvelle qui sort de terre avec deux tranches de 75 et 69 logements respectivement en 1978 et 1979.
L’arrivée de nouveaux habitants s’accompagne de nouveaux besoins et de nouvelles attentes. La commune entreprend de grands travaux sur les équipements collectifs. En 1970, le téléphone ne comporte que 127 numéros et deux cabines téléphoniques : en 1980, le service a 312 abonnés et 6 autres cabines ont été installés. L’éclairage public est étendu à tout le bourg en 1974 ; avant 1970, seule la rue nationale est éclairée. On installe des feux de signalisation au croisement de la rue de Chalonnes et de la rue Nationale.
De grands travaux sont entrepris : la mairie est déplacée dans l’ancienne abbaye le 13 mars 1970. L’ancien bâtiment, aile nord de l’abbaye datant du XVIIIème est détruit dans la foulée. C’est le début d’un vaste chantier de rénovation de l’abbaye : restauration des caveaux en 1971. L’église fait aussi l’objet de travaux de rénovation en 1978 ainsi que la Perception. Les constructions s’enchaînent. En 1972, c’est l’école Lully et la cantine, en 1973, le collège, en 1976, le centre de secours et le service de Médecine, en 1978, le gymnase (salle Europe), le deuxième terrain de foot et le logement de fonction, en 1979, l’école Maternelle Prévert.
Alors qu’en 1970, l’école publique ne compte que trois classes vétustes avec 76 élèves et 180 collégiens hébergés dans des bâtiments provisoires dans la zone industrielle, ce sont des bâtiments neufs qui accueillent les enfants en 1980. L’école Lully compte cinq classes et 139 élèves, l’école Maternelle Prévert, accueille 85 élèves répartis dans trois classes. Quand au CES Jean Racine, il reçoit 415 collégiens. Les deux écoles privées ont aussi rénové leurs locaux et conservent environ 300 élèves.
La remise en état des routes et des chemins est nécessaire avec l’augmentation du trafic et en particulier celui des poids lourds. La réfection de l’enrobé de la route nationale est réalisée en 1977 et 1978. Les places sont réaménagées : l’abbaye et Jumilly en 1971, la place du 19 mars 1962 devant le collège. Des parkings sont créés dans le bourg. Les trottoirs sont construits. Les abords de l’étang d’Arrouët et des étangs de la Salle sont aménagés.
Les besoins en eau potable ont considérablement augmenté, le nombre d’abonnés passant de 492 en 1970 à 890 en 1979. Le volume consommé est multiplié par 6. Pour faire face aux besoins, les canalisations ont dû être doublées. La station d’origine est équipée de nouvelles pompes et une nouvelle station est construite. Le réseau d’assainissement est étendu à tout le bourg et une station d’épuration est construite en 1971. L’installation est complétée d’une station de relevage en 1976 et d’une station de lagunage en 1979.
L’école Jacques Prévert à son ouverture à la fin des années 1970
Le feu du carrefour central est installé mais l’enrobé n’est pas encore réalisé
Le collège et la salle de sport dans les années 1970
Durant cette décennie, de nombreuses activités se développent sur la commune : le football et le basket prennent leur essor passant respectivement de 5 à 12 et 4 à 7 équipes entre 1970 et 1980.D’autres disciplines s’ajoutent : le tennis, le judo, le volley-ball, la gymnastique. La natation est pratiquée par les écoliers et le foyer des Jeunes propose du Canoë Kayak. Le club de l’amitié est créé en 1974 et organise les premières sorties. Les associations proposent des rendez-vous culturels : expositions, conférence, concerts dont la venue de l’orchestre des Pays de la Loire dans l’église en 1971 ou encore du groupe breton, Tri Yann, sur les terrains du camping en 1976. L’exposition « La vierge dans l’art angevin », organisée dans la salle capitulaire accueille 5 000 visiteurs ainsi que monsieur le préfet. En août 1976 ; Stani Nitkowski expose dans les caveaux et fait dont d’un chemin de croix à l’église de Saint Georges.
Le conseil municipal mené par son maire, Bernard Guitton, va conduire ces projets au pas de course. Bien sûr, les coûts sont très importants. A titre d’exemple, l’assainissement aura coûté plus de 1 200 000 francs en dix ans. Le budget de fonctionnement de la commune passe de 703 050 francs en 1970 à près de 2 842 000 francs en 1979. Si l’accroissement de la population apporte de nouvelles recettes, elles ne suffisent pas à couvrir les dépenses. L’impôt par habitant qui regroupe taxe d’habitation et taxe foncière, est multiplié par 3 en dix ans. Les recettes des impôts locaux sont ainsi multipliées par quatre entre 1970 et 1979.
En 1980, Bernard Guitton conclut un bulletin municipal qui a été mis en place en 1977. C’est un numéro spécial, dédié à la décennie passée. Voilà les propos empreint de nostalgie de celui qui sera à la tête de la commune pendant plus de vingt ans, de 1967 à 1989 :
« Il y a dix ans encore la Commune était constituée de deux grands familles : celle de la Campagne et celle de la Ville(…) Il s’y substitue maintenant de nouvelles catégories : (…) les commerçants, les artisans, les agriculteurs, les jeunes, les anciens, les sportifs (…) Les uns et les autres, limités dans leurs objectifs ne mènent pas toujours une action convergente (…) L’émulation entre eux, voire même la rivalité (…) amène parfois à faire oublier les limites, les moyens et l’échelle de notre Commune. C’est tout cet ensemble qui par-delà les hommes et les femmes, constitue aujourd’hui notre collectivité. (…) 1970-1980 dix années d’évolution irréversible qui feront que Saint Georges sur Loire ne sera jamais plus comme avant. C’est le fait marquant de cette décennie et c’est en fin de compte le seul. »
Sources :
Bulletin municipal de Saint Georges sur Loire n°12, avril 1980
Bernard Guitton
Maire de Saint Georges sur Loire de 1967 à 1989