Le chemin de croix exposé dans l’église du village, de conception moderne, est l’œuvre du peintre Stani Nitkowski qui a résidé sur la commune. L’artiste qui abandonnait tout juste l’abstraction pour le figuratif en a fait don à la paroisse en 1976. Il y développe déjà les thèmes qui lui sont chers : la souffrance, le désarroi, autant de résonance avec sa propre existence car il est atteint de myopathie qui le fixe à son fauteuil roulant depuis ses 23 ans. Jésus porte une robe rouge, couleur du condamné comme de l’amour.Autour de lui, les couleurs sont lumineuses, évoquant l’espérance. Les lignes des personnages sont souples et déliées, en contraste avec celles plus géométriques des arrières-plans, comme pour souligner l’opposition entre l’angoisse et la sérénité. Chaque tableau est en effet une confrontation entre l’indifférence et la compassion, entre la haine et la compassion.
“J’ai voulu retraduire la Passion avec le regard actuel de notre société”, précisait Stani en 1976.
Le Christ condamné
Cette condamnation ne vient pas tant du juge qui semble tourner le dos, que de la foule, consciente ou indifférente, avide seulement d’un spectacle… Foule d’hier et d’aujourd’hui.
Jésus charge sa Croix
Autour du Christ semblent rassemblées toutes les misères et les fautes humaines : égoïsme, peur, solitude, vieillesse, prostitution, envie…
La chute
Tout le monde se retire, on ne veut pas voir… Jésus est seul, c’est le lot de tous ceux qui connaissent l’échec, de ceux qui dérangent…
Simon de Cyrène
Une immense fraternité se noue entre deux hommes : Simon et Jésus. Autour d’eux, des gens reprennent confiance, d’autres ne ressentent rien.
Marie
La rencontre du condamné avec sa mère, deux personnes dignes dans la même souffrance. Les autres ne comprennent pas… Le temps de la tendresse est loin pour certains personnages, ils sont attentifs seulement à l’évènement.
Véronique
Des gens masqués, des spectateurs… personne ne s’implique dans la souffance du Christ. On parle, on regarde, mais one ne fait rien ! Sauf une femme qui grandit jusqu’à venir visage contre visage, transfigurée…
Les femmes
D2couragements, incompréhensions, sensibilité, souffrances… “Non, dit Jésus, regardez ailleurs, pleurez sur vous, vos enfant et le monde.”
Vêtements partagés
Dépossédé de tout, humilié. Il est là, comme l’agneau que l’on a tondu. Les autres ne sont que le clowns, collectionneurs de souvenirs ! Et pourtant, leur salut est en route dans cet homme remis entre leurs mains.
Crucifié
On se détourne, on n’est pas responsable. Cela ne peut être vrai, ce n’est pas moi qui ai fait cela ! Je n’y suis pour rien, je passais… Jésus et Marie, seuls, au comble de la souffrance. “Père, que ta volonté soit faite !”
La mort
“Tout est accompl”. Mais la croix est plantée sur le monde, scandale pour les païens ! Elle devient trône ! Mais il faut un nouveau regard : ” Jésus, Roi des Jifs”, laissez-moi rire ! Le soldat ne peut pas comprendre, il a fait son travail, le révolutionnaire est mort ! Les pharisiens ne peuvent rien comprendre, ils ont anéanti l’imposteur ! “Oui, je suis Roi ! “
Descente de la croix
Tout semble terminé : “la mort a vaincu l’auteur de la vie ! Mais déjà la peur est vaincue : Joseph le pharisien ouvre son tombeau. La Vierge est là, elle reçoit ce corps à qui elle avait donné la vie. “Ne fallait-il pas que le Christ souffrit pour entrer dans sa gloire ? ” Elle a cru la parole de Dieu, elle croit à son amour ! La foule, elle, peut partir, repue de spectacle, l’évènement est terminé…
Le tombeau
Jésus “repose” mais dans la nuit de ce vendredi saint, la vie est en train de germer ! Dans quelques heures, ce sera l’éclatement, la lumière… L’Eglise, porteuse des promesses du Sauveur, va surgir ! La Vierge, Mère de l’Eglise, nous enfante à un monde nouveau en ce moment de souffrance, d’obscurité, de solitude…
A travers toutes ces silhouettes, ces ombres qui remplissent chaque tableau ne nous sommes-nous pas reconnus, spectateurs d’un monde où se joue chaque jour le combat du bien et du mal ? La mort et la résurrection du Christ ?