Acte de décès d’Henri Renier
Il n’était pas Saint–Georgeois mais Angevin, presque par hasard ; sa mère Marie-Louise venait du Cher où elle était née en 1856 à Ivoy-le-Pré.
L’enfant, de père inconnu a vu le jour le 18 février 1879 à Angers. On ne sait rien de son enfance, de sa jeunesse. Quel métier exerçait sa mère ? Pourquoi est-elle venue en Maine et Loire ? La biographie d’Henri est remplie de blancs…
C’est à Orléans qu’il passe le conseil de révision, à 21 ans, c’est-à-dire plus tard que les garçons de sa classe. Son livret matricule indique qu’il a été « omis-excusé » en 1899, l’année de ses 20 ans. A ce moment là déjà, il n’a plus de famille, sa mère étant décédée, sans qu’on sache où et quand.
Il est ouvrier boulanger et change fréquemment de lieux de résidence : ainsi on le trouve à Angers en 1904, puis à Trélazé en 1906, puis à Saint-Mathurin-sur-Loire, puis à nouveau à Trélazé et, enfin, à partir du 29 septembre 1913 à Saint-Georges-sur-Loire.
Son passage dans la commune sera bref. Appelé aux armées le 2 août 1914, dès la mobilisation générale, il rejoint Orléans où il est incorporé au 76 RI avant d’être rattaché au 131ème régiment alors que les Saint-Georgeois sont pour la plupart au 135 RI. Isolé, une fois encore !
C’est dans la Meuse, au cœur de la forêt d’Argonne, sur un terrain accidenté et difficile, coupé de ravins, gorgé d’eau qu’il va combattre les troupes allemandes dont l’état major veut contenir l’avance. Les débuts de la grande guerre sont particulièrement meurtriers : la butte de Vauquois, au pied de laquelle se trouve le village de Boureilles est sans cesse perdue, puis reprise. Les charges se font à la baïonnette. Et dans cet enfer, le 1er octobre 1914, disparaît au sens propre du terme, le soldat Henri Renier. Il avait 35 ans. Il fait partie des 100 disparus, des 200 tués ou blessés du jour à la bataille de Boureilles.
Il faudra du temps avant qu’on parle à nouveau de lui.
Lorsque le monument aux morts de Saint-Georges est érigé et inauguré à la fin de l’année 1919, tout le monde l’a oublié : il n’a pas de famille, pas de femme, pas d’enfant, et son acte de décès ne parvient à la mairie que le 3 juillet 1921. Le souvenir de ce Saint-Georgeois de passage disparaît.
Cet oubli a été réparé en 2018. Suite au travail minutieux du groupe Beausite composé de passionnés d’histoire locale, on retrouve sa trace et la commune décide d’honorer sa mémoire. Une plaque est ajoutée le 11 novembre 2018 lors de la commémoration des cent ans de la fin de la première guerre mondiale. Saint Georges se souvient d’Henri Renier comme de ses camarades.
Le 11 novembre 2018, une plaque portant le nom d’Henri Renier est ajouté sur le monument aux morts