Saint Georges Patrimoine

La tempête de 1900

13 février 1900

une du petit courrier de 1900 annonçant un cyclone à Angers

Une du 15 février 1900 du petit Courrier (ADML)

Mardi 13 février 1900, l’après-midi est calme, dans la continuité d’un mois de janvier extrêmement doux, presque printanier. Les saint georgeois sont préoccupés par la présence de deux fugitifs, Tissier et Sauvestre, évadés de prison l’avant-veille et soupçonnés d’être les auteurs de plusieurs vols commis dans des fermes dans la région de Saint Georges. Mais à cinq heures les nuages s’amoncellent à l’horizon et un large arc-en-ciel nimbe la direction de l’Ouest. En même temps, un vent violent s’élève, grossissant la Loire, gagnant en intensité de minute en minute en intensité ; c’est-à-peine si les piétons peuvent se tenir en équilibre. A dix heures du soir, la tourmente bat son plein.

Cette violente tempête, précédée par de nombreux orages, touche la côte Atlantique et l’intérieur du pays dans la nuit du 13 jusque dans la matinée du 14 février 1900. Elle s’accompagne de pluie et de neige, poussée par des vents d’Ouest, Sud-Ouest. Aucune région n’est épargnée par la tempête qui balaie la France. A Paris les rafales maximales mesurées entre le 13 et le 14 à la Tour Eiffel sont de 158 km/heure.  L’échelle de vent mesurée les 13 à 18 h et 14 à 7 h annonce cette tempête classée 9 suivant l’échelle de Beaufort. Tout l’ouest de la France est particulièrement éprouvé.

Cette tempête appelée cyclone dans le “Petit Courrier” s’abat sur Angers et détruit complètement le Jardin des plantes, la chapelle de l’Hôpital et l’église Sainte Thérèse en partie. Les cheminées, oscillant sous la violence du vent, s’abattent en quelques minutes avec un fracas effroyable. Les ardoises dévalent les toits, les toitures sont arrachées, les maisons détruites, de nombreux arbres déracinés. Plusieurs bateaux-lavoirs sont fortement endommagés ou ont coulé, les lames en Loire atteignant un mètre cinquante de haut.

Dans les gares, les dégâts sont importants et les différents services subissent un retard considérable. La liaison entre Nantes et Angers a été fortement retardée par ce terrible ouragan. Certains trains sont restés en panne à la Pointe, près d’Angers, par suite d’impuissance de la machine ; le vent prenant de front la locomotive, la locomotive a patiné sur place.

carte météorologique de la tempête de 1900

Relevés météorologiques de février 1900

Toutes les communes de Maine et Loire sont concernées. Dans le “Petit Courrier” du 16 Février 1900, on relate que Saint Georges, comme les communes voisines, a été durement touché.

A SAINT-GEORGES-SUR-LOIRE

“les cheminées tombées par suite de l’ouragan ne se comptent plus. L’église est presque partout à jour tellement sa toiture a été endommagée. Dans plusieurs fermes, il y a eu des toits entiers d’enlevés. Le parc de Serrant est complètement mutilé. De nombreux massifs, de vieux arbres sont dévastés. C’est un spectacle navrant.”

A CHALONNES-SUR-LOIRE

“l’orage de l’après-midi de mardi s’est terminé par un terrible ouragan qui a jonché le sol des rues de tuiles et d’ardoises. Les dégâts matériels sont considérables, cheminées, toitures, devantures, volets, ardoises, arbres, rien n’a résisté, les deux églises, le cimetière et la mairie n’ont pas été épargnés et très approximativement ces dégâts peuvent atteindre le chiffre de 200.000 fr.”

Partout, des travaux urgents de réparations de toitures sont décidés. Couvreurs, charpentiers et maçons et les patrons ne peuvent donner satisfaction aussi vite qu’ils le voudraient aux demandes qui affluent. Beaucoup d’entre eux manquent d’ouvriers, en particulier les ouvriers couvreurs qui demandent une augmentation de salaire. Le ministre de la Guerre accorde alors des permissions exceptionnelles aux ouvriers du bâtiment sous les drapeaux.

A Saint-Georges-sur-Loire, lors de la séance du conseil municipal du 18 février 1900, le général de division Emile Faugeron, maire, liste, devant le conseil municipal, les dégâts occasionnés dans tous les bâtiments communaux : église, mairie, cure, cimetière et voirie ont été touchés. Ce constat est d’autant plus désolant que ces mêmes bâtiments viennent d’être rénovés !

En effet, deux ans auparavant, le 20 février 1898, la commune avait contracté deux emprunts sur quinze ans pour un montant total de 12 000 francs dont un auprès de la Fabrique, le Conseil économique paroissial, Ainsi, le 14 août 1898, ont été réalisés par les ouvriers locaux la réfection de la toiture du bâtiment annexe à la cure et du dôme de l’église, le remplacement du cadran en cuivre émaillé de l’église, le rétablissement de la girouette sur le clocher à la tige du paratonnerre, le remplacement des persiennes du clocher avec treillage en fil de fer pour empêcher les oiseaux de passer ainsi que la réparation du plafond intérieur et de la charpente du plancher de l’église. Le 24 août 1899, le mur du cimetière est consolidé par des contreforts.

Suite à l’ouragan, une commission composée du maire et des conseillers municipaux Granger, Thierry et Houdebine ainsi que de monsieur Mazé, agent voyer, est nommée pour constater les dégâts dans tous les bâtiments communaux et pour évaluer les travaux et leur urgence. Le 14 octobre 1900, la commission communale estime le montant des dégâts sur Saint-Georges-sur-Loire à 100 000 francs suite au cyclone.

photographie du parc de la flêche dévasté par la tempête de 1900

Le parc de la Flêche en Sarthe après le passage de la tempête de 1900

article de journal de 1900

Article du Bonhomme angevin de 1900 (ADML)

Devant l’état de l’église, fortement endommagée, le curé P. Bompas de Saint-Georges-sur-Loire adresse en mars 1900 un devis des réparations au chanoine Thibault, secrétaire de l’évêché d’Angers, d’un montant de 3 000 francs. Le conseil de la Fabrique dans sa délibération du 7 avril 1900 vote un emprunt de 4 000 francs à la Caisse des dépôts et consignations amortissable en 20 années. Il permettra de financer les travaux extérieurs à hauteur de 2 000 francs, l’autre moitié permettant de couvrir les dépenses pour réparer les dégâts intérieurs (achat de 200 chaises, réfection de 100 chaises, réparation des persiennes et des gouttières).

La municipalité, déjà endettée suite aux travaux de 1898, doit faire face à ces dépenses considérables. En 1901, d’autres frais viennent s’ajouter : André de Joly, demande à la commune d’ouvrir une école laïque de filles. Le conseil municipal de Saint Georges sur Loire fait alors appel au préfet afin d’obtenir une subvention, justifiée par l’état très préoccupant de la situation budgétaire.

Les dégâts occasionnés par la tempête de 1900 pèseront encore longtemps sur les finances de la commune. Ainsi, trois ans après, dans sa séance extraordinaire du 23 avril 1904, le conseil municipal de la commune de Saint-Georges-sur-Loire vote à nouveau une dépense pour consolider une poutre à la cure, brisée suite à la chute d’une cheminée lors de la tempête de 1900. Ces travaux doivent être entrepris d’urgence car tout un pan de toiture menace de s’effondrer !