Portrait de Louis-Joseph Adhémar de Monteil de Grignan par Hyacinthe Rigaud
Louis-Joseph Adhémar de Monteil de Grignan est né en 1650. Cadet d’une famille puissante de Provence, fils du comte de Grignan, il a pour oncles Jacques Adhémar, évêque d’Uzès et abbé de Saint Georges sur Loire de 1654 à sa mort en 1674 et François Adhémar, évêque de Saint Paul Trois Châteaux et archevêque d’Arles. C’est sous la protection de ces derniers que le jeune Louis-Joseph rejoint Paris et débute des études de théologie à la Sorbonne comme son frère, archevêque de Claudiopolis.
Le 28 janvier 1669, il assiste au troisième mariage de son frère, François de Castellane-Adhémar avec Mlle de Sévigné, fille de la célèbre Marquise. Dans ses lettres, celle-ci l’appellera « le plus joli abbé de France ».
En 1670, à peine âgé de 20 ans, Louis-Joseph reçoit le bénéfice du prieuré de Portes dans le diocèse de Saint Paul Trois Châteaux.
Distingué d’un diplôme de maître ès arts en 1671 et licencié de la Sorbonne en 1672, le jeune Louis-Joseph n’a pas les revenus suffisants pour survenir à ses besoins. L’abbé de Coulanges qui l’a pris d’affection fait agir son oncle, l’évêque d’Uzès auprès du roi pour lui obtenir le bénéficie de Livry. Louis XIV reste sourd à cette demande. En 1674, à la mort de son oncle, Louis Joseph reçoit du roi l’abbaye de Saint Georges sur Loire.
Louis Joseph abandonne le quartier de l’Université pour s’installer dans la rue Neuve Saint Honoré, le quartier à la mode de Paris, proche du jardin des Tuileries.
Louis-Joseph est ordonné prêtre le 29 mai 1675. Il représente la province d’Arles comme agent général à l’Assemblée générale du clergé de France, la même année. Louis Alphonse de Valbelle partagera cette tâche avec lui. Il ne s’agit pas là d’un simple titre honorifique. Les agents généraux sont responsables de la convocation des prélats de toute la France et de l’organisation des cérémonies religieuses pendant les trois ou quatre mois que durent l’Assemblée. Les agents généraux sont aussi de véritables diplomates qui vont présenter les demandes de l’Assemblée à la cour du roi et rendent compte de leur mandat de cinq ans devant l’Assemblée. Ces services sont très bien rémunérés. Louis Joseph tout comme l’abbé de Valbelle touche 27 000 livres de gratification puis un traitement annuel de 4 000 livres pour cette mission : une véritable fortune !
Les demandes de l’Assemblée que vont défendre Louis-Joseph et l’abbé de Valbelle sont avant tout des mesures contre les protestants. Ils obtiennent du roi des édits ordonnant la destruction de 32 temples, l’interdiction des rassemblements de protestants lors de la visite d’évêque, l’exclusion des protestants aux métiers municipaux ou dans le domaine de la finance, ect…
Alors que Valbelle est nommé évêque d’Alet en 1677, Louis Joseph, dont la réputation n’est plus à faire, attend à son tour qu’on lui propose un diocèse à son goût avec un revenu suffisant. Une première occasion se présente en 1680. L’évêque d’Evreux, Henri Cauchon de Maupas du Tour, âgé de 80 ans, fait part au roi de son souhait de résigner son bénéficie. Il lui propose plusieurs successeurs mais Louis XIV choisit de nommer Louis Joseph, fixant pour condition que ce dernier devra verser une pension de 10 000 livres à Maupas jusqu’à sa mort. En 1680, le clergé de France, très satisfait de son travail, désigne Louis Joseph comme secrétaire. On félicite le futur évêque et la marquise de Sévigné fait part du plaisir qui inonde toute la famille. Louis Joseph qui doit d’abord terminer ses travaux pour l’Assemblée prévoit de se faire couronner par son oncle à Arles.
Le 10 août 1680, alors qu’il revient de dire la masse à Saint Laurent près d’Evreux, l’évêque de Maupas a un accident de carrosse : le vieillard est projeté et est écrasé par une roue. Malgré la place devenue vacante, Louis Joseph n’est pas pressé d’occuper le siège et à la surprise générale, il est nommé évêque de Carcassonne au mois de mai 1681. Il s’y installe dans un hôtel qu’il loue à Pierre de Roux, syndic général de la province de Languedoc et qui devient le siège de l’évêché. Louis Joseph gagne les faveurs des habitants de Carcassonne en défendant leurs intérêts : ceux-ci sont accablés d’une forte taxe sur le blé et Louis Joseph va plaider leur cause jusqu’à Versailles ce qui va lui valoir une grande popularité. Louis Joseph cherchera régulièrement à obtenir des avantages pour les habitants de Carcassonne s’opposant à un intendant peu scrupuleux qui pratique des tarifs exorbitants, tâchant d’exonérer la cité de la dîme… L’évêque fait preuve d’un dévouement pour le bien public à de nombreuses occasions. On en vient à le nommer Monsieur Carcassonne. Il fait bâtir des écoles, fonde un hôpital et contribue à la construction d’une caserne. L’évêque semble montrer peu d’ambition au grand dame de Madame de Sévigné qui aimerait le voir faire rayonner sa famille et augmenter ses rentes qui ne couvrent pas son train de vie élevé, le couvrant de dettes.
En 1687, Louis Joseph échange le bénéfice de l’abbaye de Saint Georges sur Loire contre celui de Saint Hilaire dans le diocèse de Carcassonne avec Jean-Baptiste Lully, fils du célèbre musicien du même nom de la cour de Louis XIV.
Vieillissant et malade, la jambe droite rongée par la gangrène, Louis-Joseph choisit son neveu Louis Joseph de Rochebonne comme adjuteur. Ilmeurt le 1er mars 1722 à Carcasonne où il est inhumé dans la basilique Saint-Nazaire.
Source : Un évêque de l’ancien régime, article de Léon Charpentier
Portrait de Louis-Joseph Adhémar de Monteil de Grignan
Hôtel Roux à Carcassonne où résida Louis Joseph Adhémar