Saint Georges Patrimoine

Jean-Baptiste Lully fils

1655-1743

signature de jean-baptiste lully fils

Signature de Jean-Baptiste Lully dans le registre de 1685 de Saint Georges (ADML)

Jean-Baptiste Lully est le deuxième fils du célèbre musicien de Louis XIV, Jean-Baptiste Lully, qui mit en musique notamment les pièces de Molière. Sa mère, Madeleine Lambert, était fille du compositeur Michel Lambert. Jean-Baptiste Lully souhaitait voir son fils aîné, Louis, prendre sa succession musicale. A l’âge de quatre ans, ce dernier reçoit du Roi, la survivance des charges de surintendant et de maître de la musique de Chambre, en 1668. Jean-Baptiste fils, est destiné à devenir ecclésiastique comme c’était souvent le cas à cette époque. Il entre au séminaire du Saint Sulpice. En 1678, il reçoit alors de Louis XIV le bénéfice de l’abbaye bénédictine de Saint-Hilaire, située dans l’Aude, près de Narbonne, alors qu’il n’a que douze ans. Ces abbayes sont alors en commende. Cela signifie que l’abbé n’est plus élu par ses pairs mais c’est un ecclésiastique parfois un laïc qui est nommé et qui perçoit personnellement les revenus de l’abbaye, que l’on appelle le bénéfice.

Le 19 juin 1684, Jean-Baptiste Lully démissionne de ses fonctions. Le roi lui accorde alors le bénéfice de l’abbaye de Saint Georges sur Loire. Il entre alors dans les ordres et devient aumônier du frère du Roi.

Mais Louis, le fils aîné de la fratrie, présente une grande instabilité psychologique : il est interné à Charenton, dans un asile, en 1686. Jean-Baptiste Lully père le déshérite. A sa mort en 1687, c’est le benjamin de la fratrie, Jean-Louis qui va hériter de la charge de surintendant de la musique de Chambre. Mais Jean-Louis meurt brutalement en 1688 et la charge revient alors à Michel-Richard de Lalande. 

En 1690, Jean-Baptiste Lully fils aide son frère, Louis, à terminer une tragédie lyrique autour du mythe d’Orphée sur un livret de Michel du Boulay. Louis a déjà signé avec son frère Jean-Louis un opéra, en 1687, Zéphire et Flore. Mais le mince succès de l’œuvre fut entaché par le scandale qui s’en suivit : Pierre Vignon, compositeur, intenta un procès qu’il gagna aux deux frères pour non-paiement de son travail. Alors que les charges royales lui ont échappé, Orphée est comme une dernière chance pour Louis Lully. L’unique représentation a lieu le 21 février 1690 en présence du Dauphin. C’est un échec : le public commence à siffler. La police intervient pour interdire les sifflets. Le marquis de Dangeau note dans son journal où il inscrit quotidiennement les faits et gestes de la cour de Versailles : « Le sifflet défendu ! quelle horrible injustice !  Quoi donc ? Impunément un poète novice, Un musicien fade, un danseur éclopé, Attraperont l’argent de tout Paris dupé ; Et je ne pourrai pas contenter mon caprice ! » Louis Lully ne signera que deux œuvres après cette débâcle, Alcide en 1693, écrit avec Marin Marais, célèbre musicien de la cour de Louis XIV et Le ballet des Saisons, écrit avec Pascal Colasse, élève de son père, en 1695.

Pour Jean-Baptiste Lully fils, cette expérience dans la musique est un véritable révélateur. En 1695, Jean-Baptiste Lully cède le bénéfice de l’abbaye de Saint Georges à l’abbé Caton de Court et renonce à sa charge d’aumônier. Il abandonne toute carrière ecclésiastique, bien décidé à prendre la suite de son père. Le 7 février 1695, il devient surintendant de la musique du roi, titre qu’il portera jusqu’en 1719.

Il compose le triomphe des brunes en 1695, un divertissement musical joué à Toulon, puis en 1696, une pastorale en sept actes, Le Triomphe de la raison sur l’amour, qui est joué à Fontainebleau. L’accueil est semble-t-il bien meilleur que l’œuvre de son frère ainé, en témoigne la note du marquis de Dangeau dans son journal : « Le fils de Lully, surintendant de la musique, fit hier chanter devant le roi et toute la cour un divertissement dans le goût et la manière de son père ; le roi en parut très content et le loua fort. ».

En 1707, il obtient du roi, le privilège de réimprimer l’œuvre de son père. La même année, il compose son œuvre la plus célèbre : le Concert pour le souper du roi est une suite pour orchestre. Il accompagnera l’un des fameux soupers du roi, rituel caractéristique de l’étiquette de Versailles, véritable mise en scène du pouvoir royal lors d’un dîner accompagné en musique.

Jean-Baptiste Lully meurt en 1743 à Paris.

partition du triomphe des brunes de jean baptiste lully

La partition de Jean-Baptiste Lully fils de 1695.