Saint Georges Patrimoine

Jean-Louis Caton de Court

1658 -1732

Dessin du logis abbatial (entrée) au XVIIème
logis abbatial par gaignères

Dessins de Gaignères du logis abbatial

Jean-Louis Caton de Court est né à Pont-de-Vaux, en Bourgogne autour de 1658. Il est le fils de Charles Caton de Court, gentilhomme ordinaire du Roi, avocat au présidial de Bourg en Bresse, et d’Anne de Saumaize. Il a pour frère Charles Caton de Court (1654-1694), homme de lettres qui participa au siège de Philippsbourg en Allemagne en 1688 aux côtés du duc de Maine, fils illégitime de Louis XIV. Il a également pour frère Claude-Elisée de Court de La Bruyère (1666-1752) qui fera carrière dans la marine royale en devenant vice-amiral de la flotte du Ponant, se distinguant dans les grandes batailles navales menées par Louis XIV et Louis XV en Europe.

Louis de Court, comme il est souvent appelé, entre chez les chanoines de Saint Augustin.

En septembre 1695, il est nommé abbé de Saint Georges par le roi mais n’arrive à Saint-Georges qu’en février 1696, succédant à Jean-Baptiste Lully (abbé de 1685 à 1695), fils du célèbre compositeur.

En 1698, un différent l’oppose à Simon Prevost, fermier du revenu temporel de l’Abbaye. L’abbé accuse celui-ci de n’avoir payé son fermage de 3600 livres/an pendant les 16 mois qui ont séparé le départ de Lully de son arrivée.

Résidant souvent à Angers, il décide de faire construire le fastueux logis abbatial par l’architecte Sébastien Simonneau qui vient d’achever le bâtiment conventuel de l’abbaye. Mais l’abbé, mondain, a vu trop grand et se trouve ruiné. Pour rembourser ses dettes, il se trouve obligé de vendre son mobilier à travers une loterie, opération douteuse au regard de la justice qui saisit ses biens et en fait don à l’hôpital d’Angers.

Dépensant sans retenue pour son plaisir, il est moins généreux envers les autres et contracte des dettes. Ainsi dans le testament dicté le 23 mai 1720 sur son lit de mort, Marie Lanon, servante de l’abbé, précise que l’abbé lui doit l’argent de ses gages mais également l’argent qu’elle a dû avancer pour le nourrir.

Il est nommé abbé commendataire de Saint Serge d’Angers, puis il quitte Angers en 1731 pour se retirer chez son frère, lieutenant-général des armées navales, à Gournay sur Marne en Seine Maritime.

Le 31 août 1732, il est mortellement blessé par un taureau et décède rue Saint-Dominique à Paris

signature de l'abbé de court en 1701

Signature de l’abbé de Court dans les registres de 1701 (ADML)

signature marie lanon

Signature de Marie Lanon, servante de l’abbé (ADML)

Parallèlement à sa vie religieuse, Louis de Court va mener une carrière littéraire. Il va faire partie de l’Académie royale d’Angers fondée en 1685. Cette institution composée de trente membres issus du clergé, de la noblesse et des notables avait pour objet les sciences, les arts et les belles-lettres. L’abbé de Court y est élu en 1700  ; il en devient le directeur de 1702 à 1703 et le commissaire de 1728 à 1730. Durant près de trente ans, il va y réaliser de nombreuses lectures, textes et exposés sur des sujets divers : commentaires et traduction religieux, éloge au comte de Serrant, sonnet pour la Reine mais également réflexions philosophiques sur l’amitié, la beauté de l’esprit.

Il va également publier deux ouvrages qu’il signe M.D.*** Académicien, compilation de ses lectures à l’académie, très certainement. Louis de Court, amateur de jeux littéraires, pratique répandue à l’époque dans les cercles mondains cultivés, y fait preuve d’une certaine aisance à versifier et jouer des mots.

Le premier livre de Louis de Court est publié en 1722. « L’Heureux Infortuné, Histoire Arabe, Avec un Recueil de Diverses Pièces Fugitives En Prose et en Vers » est un recueil de textes disparates. Le texte principal qui donne son titre au recueil, est un récit exotique en vers. Il s’agit des aventures d’un prince dans un royaume imaginaire écarté du trône par son père. La suite de l’ouvrage comprend des traductions de textes en latin religieux pour la plupart, des réflexions sur l’immortalité de l’âme, des discours et des odes flatteuses dédiées à des personnages de l’époque.

texte de Caton de Court

Lettre sans i dans Variétés ingénieuses ou Recueil et mélange de pièces sérieuses et amusantes, 1725

extrait des oeuvres de caton de court

Acrostiche dans Variétés ingénieuses ou Recueil et mélange de pièces sérieuses et amusantes, 1725

Le second ouvrage paraît en 1725, s’intitule Variétés ingénieuses ou Recueil et mélange de pièces sérieuses et amusantes. Il rassemble lui aussi un mélange hétéroclite de textes en prose et en vers, de traductions de vers en latin également des acrostiches, poème où les premières lettres des vers forment une phrase cachée, des fables, des énigmes, des sonnets… Louis de Court joue avec les mots en s’imposant des règles d’écriture digne de l’oulipo, ce mouvement littéraire des années 1960 fondé par Raymond Queneau. On y lit par exemple une série de lettres: dans chacune d’elle Louis de Court s’astreint à ne pas utiliser une voyelle ou encore une série de tautogrammes, phrases dont tous les mots commencent par la même lettre. Ce sont des exercices littéraires dont sera friand Georges Pérec près de deux cents plus tard !

Louis de Court fait donc partie de ces amateurs de jeux littéraires qui se pratiquaient dans les cercles mondains cultivés.

Sources :

Entre Loire et bocage, Chroniques d’histoire locale, Robert Audouin, édité par HCLM en 2022