Fresque des vieillards de l’apocalypse
Situé derrière l’église, nanti d’un vieux portail, ce bâtiment n’est pas très attirant. Par contre, c’est vraisemblablement la plus ancienne construction du bourg de Saint Georges.
Ce bâtiment était à l’origine l’église paroissiale, vraisemblablement datée du Xe siècle. Vers la fin du XIIe, période de la construction de l’Abbaye, une fresque est réalisée au sommet du pignon est. Elle représenteles vieillards de l’Apocalypse, surmontée d’une frise de grecques. Les 24 vieillards étaient représentés sous des arcades délimitées par des colonnes à chapiteaux, alternativement bleu et rouge. Les personnages d’une hauteur d’environ 60 cm, sont vêtus de tuniques bleues ou vertes et tiennent un bâton. Leur tête est alternativement tournée à droite et à gauche. La restauratrice qui a effectué les travaux de sauvegarde assure que l’ensemble des murs étaient décorés. Une merveille pour ceux qui venaient prier là. La fresque est semblable à celle de la chapelle de Pritz près de Laval. Certaines traces de bleu montrent que les artistes ont utilisé du lapis-lazuli, piierre venue d’Afghanistant et très chère à cette époque.
Au XIIe siècle, les murs des pignons ont été relevés. La charpente est refaite et lambrissée. Ce lambris est vraisemblablement peint, en témoigne la bande décorative soulignant le dessin de la voûte sur les deux pignons et épousant la forme de la charpente.
De 1541 à 1575, l’abbé se nomme Antoine Millet, Il entreprend d’importantes modifications de la première église et la transforme en réfectoire. Il installe un plancher intermédiaire. Le long du pignon est, il fait monter une grande cheminée qui écrase la fresque des vieillards de l’Apocalypse. Ausud, il ouvre une grande porte et une fenêtre à meneaux et aménage une petite porte en fenêtre pour éclairer le lecteur du réfectoire. Dans tout le bâtiment, il fait exécuter des décorations : les grosses poutres du plancher sont entièrement peintes et sur le manteau de la cheminée, il fait peindre une citation de l’évangile de Saint Matthieu en lettres d’or sur fond bleu dont la traduction est “Jésus s’est assis avec ses disciples. Fait par Antoine Millet, Abbé de Saint Georges en 1573”.
Charpente du réfectoire des moines
Cheminée portant l’inscription de 1573
Ossements retrouvés durant les fouilles du réfectoire
En 1688, témoin de son déclin, Jean Baptiste Lully, fils du musicien de Louis XIV, désigne le bâtiment dans une expertise foncière comme “le réfectoire des religieux dudit Saint Georges à présent rempli de blé”.
En 1733, on parle encore de “l’ancien réfectoire des religieux”. En 1788, il semble que le bâtiment serve d’écurie.
Vendu comme bien national à la Révolution et passant entre les mains de différents propriétaires, tous habitants de Saint Georges, le site devient écurie, abrite le corbillard alors tiré par des chevaux, puis sert de hangar à un artisan avant d’être acquis par la commune.
Lors des fouilles du réfectoire des moines, la grande surprise est venue de la découverte, à cet endroit, d’un cimetière daté des VIIe ou VIIIe siècle. Qui dit cimetière, dit habitat à une certaine proximité. Aujourd’hui, aucune recherche complémentaire n’a mis en évidence d’autres traces de cet ancien habitat. Cependant, une hypothèse peut être échafaudée : on est en droit de rechercher un lieu de culte lié à ce cimetière et à cet habitat en question. Nous possédons les plans d’une église détruite à la Révolution. Les piliers de la nef excitent l’imagination : les écarts entre piliers sont différents, plus petits vers le chœur de l’église, plus grands vers l’entrée. Cela indique vraisemblablement une construction en deux temps. La question fuse immédiatement : était-ce un ancien temple ? De quelle époque ? Avait-on un ensemble bâti ? Autant de questions sans réponse.