L’orgue de l’église a été acquis par la fabrique paroissiale en 1874 pour un investissement d’environ 10 000 francs. L’Etat a participé au financement : 1000 francs en 1874, 300 francs en 1876, puis encore 300 francs en 1877. Les aides sont accordées par le vicomte Arthur de Cumont, alors ministre de l’Instruction et des Cultes sous Louis-Philippe. Propriétaire du château de l’Epinay, il sera élu maire de Saint Georges de 1887 à 1897. Cet orgue, construit entièrement par Cavaillé-Coll, est venu directement de ses ateliers à l’église en 1874. Il fut inauguré par Bouleau-Neldy, un organiste de la Cathédrale d’Angers le 2 décembre 1874.
La production industrielle de ces orgues est estimable à hauteur de cinq cents instruments et sont des oeuvres admirées tant en France qu’à l’étranger. En Anjou, seulement six églises sur 80 paroisses environ en sont dotées : la Cathédrale et les églises Notre-Dame et Saint-Joseph à Angers, celle de Segré et du Lion-d’Angers, et celle de Saint-Georges-sur-Loire.
C’est donc une grande chance pour l’église de Saint-Georges-sur-Loire d’avoir un orgue Cavaillé-Coll.
En façade de l’orgue, on peut compter 23 tuyaux, mais l’intérieur en contient plusieurs centaines de différentes tailles. Le buffet est en chêne de bonne qualité, ainsi que le pédalier. Le clavier, manuel, a une particularité car il est rétractable : il s’ouvre et se ferme, un peu comme un tiroir, et est ensuite
fermé à nouveau par deux petites portes à deux battants, en chêne également.
Les huit jeux et les notes du clavier sont en très bel ivoire d’origine. Tout l’ensemble d’ailleurs est resté dans son état d’origine, à part la ventilation électrique au moteur, mais même là, la manette est toujours présente, alors en cas de panne d’électricité, on pourrait encore pomper comme l’ont fait jadis de nombreux jeunes aux tribunes !
Aristide Cavaillé-Coll est né à Montpellier le 3 février 1811, dans une famille de générations de facteurs d’orgue. L’association des deux noms, Cavaillé et Coll, avait commencé lors du mariage de ses grands-parents, Jean-Pierre Cavaillé et Maria Francesca Coll. Ces noms associés ont suivi cette génération familiale. Aristide avait un frère, Vincent, avec lequel il a beaucoup travaillé, ainsi qu’avec son père Dominique. Doué d’une intelligence et de dons exceptionnels, Aristide eut la chance de bénéficier d’un enseignement scolaire spécialisé sous l’impulsion d’Urbain Vitry, architecte à l’Industrie Nationale, et avait reçu les conseils de nombreux polytechniciens, dont ceux de l’École de Saint-Cyr.
Fondateur en 1826 d’un enseignement de géométrie et de mécanique appliqué aux arts et professions industrielles, le jeune Aristide, à 16 ans, est dans un climat favorable pour appliquer les capacités de ses dons et de son intelligence. Il réalise alors un orgue de choeur et offre ses services au gouvernement. Son orgue a accompagné les obsèques de Victor Hugo. Il allait devenir le plus célèbre facteur d’orgue en France et à l’étranger. Dans un discours prononcé lors de ses obsèques en octobre 1899, Gustave Lyon, président de la Chambre syndicale, déclarait : « Cavaillé-Coll ! Quel nom français aimé et respecté, que celui-là ! Ce nom, synonyme d’art parfait, de science consommée, de génie créateur, de bonté, de désintéressement et de modestie, honorera dans les siècles, notre cher pays, au même titre que celui de Stradivarius honore l’Italie. »
Aidé de son père et son frère, il réalisa six instruments en Maine-et-Loire.