Saint Georges Patrimoine

Une vie pour un seau

1890 : de la restauration aux années folles

article du petit courrier du 12 décembre 1890

L’article du 12 décembre 1890 dans le Petit Courrier relatant les faits

acte de mariage de Langevin en 1887

acte de mariage de Langevin en 1887

Il fait froid ce dimanche 7 décembre 1890 à la ferme des Grandes Touches, propriété de M. Suaudeau Alfred-Marie-Ernest, fils de Marie-Hylas Suaudeau, ancien Maire de Saint Georges sur Loire de 1871 à 1887. Le nommé Langevin Pierre-René, journalier, travaille dans cette ferme.

A trois heures de l’après-midi, par inadvertance, un seau tombe dans le puits ; sans réfléchir il se propose d’aller le récupérer. Il descend en se tenant d’abord à la margelle, continue à descendre en s’appuyant aux parois avec les pieds et les mains. Quelques pierres se détachent sous ses pieds, d’autres tombent, le mur du puits s’écroule sur lui. Dimanche soir, le puits est comblé jusqu’au bord.

Depuis plusieurs heures, des travailleurs s’activent pour déblayer et les travaux durent toute la nuit. Lundi matin il reste une vingtaine de pieds à enlever, le puits atteignant environ quarante pieds de profondeur. (1 pied : 30 cm ou 4 pieds = 1 mètre)

Pendant les travaux de sauvetage, le Sieur Paul Baranger, maréchal ferrant et débitant dans le bourg, fournit aux travailleurs plusieurs litres d’eau de vie à la demande d’Alfred Suaudeau en accord avec le Maire, Arthur de Cumont.

Plusieurs personnes affirment ou croient entendre les appels du malheureux Langevin.

Peu de chances de le sauver, le pauvre journalier est mort noyé ou broyé de suite à l’âge de 25 ans.

Pierre-René Langevin était né le 21 décembre 1865 à Montrelais, s’est marié à St Georges sur Loire le 6 septembre 1887 à Jeanne-Michelle Florentin, lingère, née à St Georges le 3 juillet 1866. Le couple a eu deux enfants : René-Louis-Gabriel, né à St Georges le 30 mai 1889 et Elie-Clément, né à St Georges le 30 mars 1891, après le décès de son père.

acte de décès de pierre langevin en 1890

Acte de décès de Pierre Langevin le 7 décembre 1890

Le Sieur Baranger, fournisseur d’eau de vie, présente alors sa note s’élevant à 170 francs. M. Suaudeau accepte de prendre à sa charge 80 francs.

Invoquant la transaction intervenue lors du sauvetage, il réclame le solde au Maire, Arthur de Cumont.

Le Maire refuse de payer et consulte son conseil municipal le 24 mai 1891 ; celui ci rejette le paiement au motif que la livraison d’eau de vie n’est pas liée sur réquisition du Maire.

Baranger n’en reste pas là ; le Conseil municipal après délibération des 16 août et 8 novembre 1891 déclare approuver l’arrangement conclu entre M. le Maire et M. Suaudeau.

Sources :

Le Petit Courrier du 12 décembre 1890

Archives municipales : DCM des 24 mai, 16 août et 8 novembre 1891