L’arrêté d’Adolphe de Beaumanoir de 1832
1832. Adolphe Beaumanoir prend un arrêté pour tenter de stopper une épidémie de choléra. La cause : l’insalubrité dans Saint Georges qui compte déjà cette année-là une vingtaine de décès dus à la maladie.
Le Maire pointe du doigt “la malpropreté des rues (…), les fumiers, égouts, ruisseaux d’eaux ménagères, le sang des animaux tués dans les boucheries, les immondices jetés dans les rues et les miasmes”.
Il est donc décidé que “les fumiers, vidanges, plantes en décomposition” seront déposés à l’extérieur du bourg dans un lieu destiné à cet effet : c’est une déchèterie avant l’heure. On demande aux bouchers et aubergistes de récupérer sang et viscères pour les déposer dans un lieu assigné. Les canaux qui reçoivent les eaux ménagères doivent être nettoyés chaque jour,il est interdit de vider les pots de chambre dans la rue et le fumier provenant du balayage (on se déplace à cheval) devra être retiré chaque jour.
Le Maire demande aux gardes champêtres de veiller à l’exécution de l’arrêté : on imagine donc que ces pratiques étaient monnaie courante au XIXe siècle. On comprend alors les préoccupations du Maire.
Malgré tout, en 1834, l’épidémie frappe de nouveau avec 67 décès dans l’année. La crainte de l’épidémie et de contraventions n’a pas été suffisante pour changer les habitudes.
Article du Journal du Maine et Loire du samedi 20 juillet 1878
1876. A Saint-Georges, l’épidémie fait rage, et tue et principalement les enfants ! Le constat est tellement alarmant que l’inspection académique décide de fermer les écoles. Il y en a trois : l’école publique de garçons (c’est aujourd’hui la salle Jeanne de Laval, rue de Cumont), l’école privée de filles (c’est celle du Sacré-Coeur, rue des Fontaines), et l’école privée de garçons (elle occupait l’emplacement du centre Saint-Joseph, aujourd’hui rue de l’Abbaye). Malgré les précautions, l’épidémie atteint 180 personnes et en tue 38 avant de disparaître durant l’été.
Mais à l’automne, on compte de nouveaux cas. Le Docteur Farge, médecin “des épidémies” de l’école de médecine d’Angers est dépêché à Saint Georges le 29 octobre 1877. Il arrive à 7 heures par le train : la gare de Saint Georges a été ouverte seulement quelques années auparavant en 1851.
Le diagnostic est rapidement établi. Il s’agit d’une épidémie «d’angine couenneuse », se caractérisant par de petites fausses membranes sur les amygdales, et particulièrement contagieuse. On l’appelle aussi croup, et elle est proche de la diphtérie. Les chances d’y survivre sont minces. Les écoles sont de nouveau fermées et désinfectées.
Le médecin enquêteur constate que c’est dans le bourg que l’épidémie est la plus violente. Il constate aussi qu’à Saint -Germain-des-Prés, village tellement proche, seule la population de la Janière dont les enfants fréquentent les écoles de Saint- Georges, est touchée : 13 cas recensés dont 3 mortels.
Du 30 mars 1876 au 29 novembre 1877, il relève 276 cas d’angines, entraînant 67 décès.
Lettre du préfet de Maine et Loire au maire de Saint Georges datée du 6 novembre 1877
Le préfet s’en mêle, et le Conseil départemental d’hygiène, siégeant à la préfecture envoie une commission qui visite le bourg en compagnie du maire, Marie-Hylas Suaudeau. Le verdict tombe : Saint Georges est insalubre ! Des travaux d’assainissement sont à envisager d’urgence.
Il faut nettoyer les étangs, notamment celui d’Arrouët, mal entretenu mais aussi celui de la Salle. Il faudrait les assécher malgré le fait qu’ils soient la seule réserve d’eau pour un grand nombre de d’habitant malgré le puits de la place de la mairie qui a été creuser quelques années auparavant. Pour l’étang d’Arrouët, ce sera cependant fait en partie quelques années plus tard : c’est l’actuelle place Jumilly.
Les boucheries sont pointées du doigt. Il y en a trois dans le bourg. La première, la boucherie Réveillère est très bien tenue. La seconde, la boucherie Hermé située au carrefour central également mais la fosse dans laquelle sont jetés les déchets n’est pas assez profonde et les eaux ruissellent à l’intérieur. Enfin la charcuterie Denecheau située à la place de l’actuel bureau d’assurance Groupama est insalubre. « Le sang et les matières animales s’écoulent sur la voie publique. Lorsqu’on opère les lavages, les liquides sanguinolents coulent sur les marches de l’entrée, et de là, sur la voie publique, puis ils se rendent près d’une dépression de terrain formant une mare, qui appartient à la dame Massonneau, et sert au lavage du linge. Avant d’y arriver, ces liquides peuvent même séjourner sur le côté de la rue ».
D’autres problèmes sont mis en avant : face à l’église, la gendarmerie occupe le bâtiment qui est aujourd’hui la boucherie La Fine Bouche. Les gendarmes de l’époque se déplacent à cheval, et ne vident pas assez souvent leur fosse à fumier. Les caniveaux du bourg sont sales et trop de rues n’en possèdent pas encore.
Tout ce quartier en plein centre-bourg est particulièrement touché par les épidémies.
Le maire écrit au préfet le 18 février 1878 que certaines mesures ont été prises et “que l’épidémie paraît toucher à sa fin et il me semble suffisant désormais que les foyers d’infection signalés par le conseil de salubrité dans l’intérieur du bourg aient disparus pour considérer l’avenir d’un oeil plus tranquille “.
Il fait erreur ! Les écoles fermeront encore en 1885 et 1890, les épidémies d’angine continuant de frapper une population affaiblie et dépourvue d’hygiène.