Saint Georges Patrimoine

La mine de la Villette

1829-1914 De la Restauration à la Belle Époque

Le Maine-et-Loire possède un bassin houiller qui s’étend sur près de 60 kilomètres, des Verchers sur Layon à Ancenis, en suivant le Layon puis la Loire. Au XIXème siècle, le besoin en combustible est grand et des études ne décomptent pas moins de 18 veines charbonnières d’une épaisseur atteignant jusqu’à 3m50, souvent affleurant le sol à moins de 40 cm de profondeur ! Les mines parfois déjà en activité depuis le XIIIème siècle se développent tout le long du sillon.  A Saint Georges-Chatelaison, à Saint aubin de Luigné, à Chalonnes sur Loire, l’extraction du charbon prit son essor.

 

Les concessions le long du Layon et de la Loire

carte du bassin houiller du Layon et de la Loire en 1903

Carte du bassin houiller du Layon et de la Loire en 1903

A Chalonnes, les premières fouilles remontent au XIVe siècle. A Rochefort, le sol était creusé sur une vingtaine de mètre dès la fin du XVème siècle. On sait aussi que des propriétaires constataient la présence de charbon dans leurs champs ou leurs vignes.

Au XVIIème, les exploitations individuelles regroupant 3 à 5 ouvriers se développèrent notamment à Saint Georges-Châtelaison, Saint Lambert, Montjean et Saint Georges sur Loire. On attaquait la roche à la poudre à canon pur pénétrer dans les profondeurs de la terre par d’étroits goulets de 1m30 de haut sur 60 cm de large qui s’enfonçaient jusqu’à 50 mètres sous le sol. Des enfants d’une quinzaine d’années parcouraient ces boyaux bravant la menace des effondrements et des coups de grisou, tirant des caisses de bois, des traineaux et des paniers remplis de houille. En 1689, Louis XIV apprenant que les recherches de houille allaient croissantes en Anjou, donna au duc de Montausier puis à sa fille la duchesse d’Uzès, le droit de fouiller tout terrain susceptible de contenir du charbon. Cette décision causa de grands troubles si bien que face à la colère des propriétaires, le Roi revint sur cette décision en 1695 redonnant aux habitants d’exploiter les puits de leurs domaines. Les mines se multiplièrent : en 1750, on recense 36 puits sur les paroisses de Saint Maurille de Chalonnes, de Chaudefonds et de Saint Aubin.

En 1753, le sieur Brault, ancien fripier d’Angers, obtint de l’intendant de Tours le monopole de l’exploitation des puits de la région. Il voulut s’emparer par la force de toutes les mines. La Compagnie fondée par Brault jouissait d’une mauvaise réputation : ses ouvriers sous-payés, se livraient sauvent au pillage, au brigandage voire au meurtre. La société fut poursuivie sans succès par une population en colère en 1760. En 1766, la Compagnie est dissoute suite à des difficultés d’exploitation. Les terrains sont alors partagés entre différents propriétaires mais à la Révolution, la plupart des puits sont fermés.

Au cours du XVIIIème, se mit en place le système des concessions. L’État concédait l’exploitation des richesses souterraines à des sociétés qui en contrepartie, s’engageaient à y investir des capitaux pour y réaliser des travaux  afin de mieux utiliser les ressources, de limiter les accidents et d’améliorer les conditions de travail. L’extraction de la houille s’intensifia. En 1860, le bassin houiller produisait 80 000 tonnes de charbon.

Le charbon du Layon et de la Loire servait en particulier à la fabrication de la chaux pour un usage agricole. La chaux mélangée à la terre permet d’améliorer les sols argileux, en les rendant moins compacts, moins collants en période de pluie et moins durs en période sèche.

A Saint Georges, une concession fut accordée à messieurs Lebreton, Josset, Clémenceau et Danot pour une surface de 11km² sur Savennières, La Possonnière et Saint Georges. La zone va depuis la Grande Guibrette vers le moulin de Coutance puis vers le Moulin Bachelot et le Moulin de Chevigné. Entre 1829 et 1848, de nombreux puits sont creusés mais les veinules trouvées sont peu exploitables : la houille n’est pas de bonne qualité. L’activité est finalement petit à petit abandonnée.

Dans les registres communaux, on trouve les traces des mineurs qui entre 1831 et 1853 ont creusé le sous-sol de Saint Georges. Ils ont habité Le Vissieul, l’Aubriais, le Port Girault. Aucun d’entre eux n’étaient originaires de la commune. Plusieurs d’entre eux venaient de Montrelais, région où des puits avaient été creusés sans succès après ceux de Saint Georges – Châtelaison.

 

carte de l'ensemble des concession du val du Layon et de la Loire

Les concessions le long du Layon et de la Loire

resultats de la concession de st georges

Résultats de la concession de Saint Georges sur Loire au milieu du XIXème

Photographie des mines de charbon de la villette au début du XXème

Les mines de charbon de la Villette au début du XXème siècle

Plan de la concession de Saint Georges au moment du rachat par la société des Mines de Chalonnes

La concession de Saint Georges au moment du rachat par la société des Mines de Chalonnes.

mine de la villette

La mine de la Villette

En 1864, la concession d’exploitation est rachetée par la société des mines de Chalonnes avec celle de Saint Germain des Prés. Cette compagnie avait été créée par Jacques Triger et Emmanuel Pons Dieudonné de Las Cases. Le premier était ingénieur et inventeur d’un procédé mondialement connu. Le procédé Triger permet de refouler l’eau dans les puits à l’aide d’air comprimé. Le second, sénateur, est le fils de Marie-Joseph Dieudonné de Las Cases qui avait accompagné Napoléon à Saint Hélène et copié une partie de ses mémoires.

Les travaux reprennent à la Villette en 1906. Mais la production du bassin minier angevin est en baisse (seulement 10 000 tonnes en 1906) et de mauvaise qualité, l’activité va progressivement disparaître dans le Maine et Loire. A Saint Georges, les forages sont abandonnés quand la veine minière a été atteinte peu avant la Première Guerre Mondiale. C’est l’entreprise Bigeard qui fora un puits à 140 mètres de profondeur : à ce palier, on ouvrit une galerie de 450 mètres de long en direction de la concession de Chalonnes dite du Désert. La mine fut placée en réserve en cas de pénurie des mines du Nord de la France.

Après la première Guerre mondiale, l’entreprise Bessonneau d’Angers, fabricant de cordage de chanvre, tenta de relancer l’exploitation du site de la Villette mais abandonna rapidement.

A la Villette, l’ancienne auberge des Rochettes, aujourd’hui propriété privée, était le bâtiment central qui abritait les machines. Au lieu-dit « Les Mines » près du Grand Bras, se trouve la maison directoriale. Il existe encore des traces des puits d’aération et des puits de forage dans la vallée et l’on peut encore trouver des pierres noires enfouies sous les ronces près de ceux-là.