Le port-Girault au XVIIIème siècle
La levée dite de Savennières ou de Saint-Georges-sur Loire, est une digue partant du village de l’Alleud à La Possonnière ; elle ferme, au bout de 15 km, un val de 2400 ha et environ 500 habitants, par la RD 15, reliant le pont de Montjean à Champtocé.
Dès la fin du XVe, à la place de la turcie, construction en bois et sable, le nom de levée apparait. Plus solide, constituée de terres, de pieux, de pierres et d’arbres plantés pour consolider le tout, les levées ont vocation à protéger les terres agricoles. En 1680, à la demande de Guillaume III Bautru, comte de Serrant, Colbert, ministre de Louis XIV, fait réaliser des travaux sur la levée de Boyau à Saint Georges. D’autres phases de consolidation auront lieu tout au long du XVIIIe siècle. En 1715, les religieux de l’abbaye demande l’autorisation au roi de couper du bois, privilège royal, pour réparer des brèches causées par les débordements de la Loire. En 1759, les riverains réparent eux-mêmes la levée du Port Girault.
A cette période, la levée s’arrête au niveau de l’actuel pont du grand Bras laissant place à l’ouest à des marais.
A la Révolution, la gestion et l’entretien de digues sont abandonnés. Il n’est pas rare de voir des riverains venir prendre la terre au pied de la levée ou de creuser caves et puits qui vont fragiliser toute la digue. Pourtant les cahiers de doléances de Savennières en 1789 soulignent la nécessité de la levée alors que La Possonnière et le village de l’Alleud sont régulièrement inondés du fait de ruptures.
Au début du XIXe siècle, il y a une suite de levées privées de La Possonnière à Montjean avec de nombreuses brèches qui correspondent souvent à une boire (c’est-à-dire un bras mort de la Loire) sans doute créée lors d’une rupture.
carte de la levée en 1810 (ADML)
En 1807, Napoléon va s’intéresser alors à la levée à la demande du comte de Serrant, Antoine Walsh et de son épouse, Louise de Vaudreuil, dame de compagnie de l’impératrice Joséphine. De la terre est prélevée dans la vallée pour être entasser sur une portion allant de l’Alleud au lieu-dit Les Sablons.
Il faudra attendre 1825 pour que commence la construction d’une digue plus solide. La réalisation de ces travaux ont pour but d’assainir les marais qui s’étendent du Port Girault jusqu’à Saint Germain des Prés où règne la fièvre paludéenne. En 1835, de grandes portions sont terminées mais il reste à faire notamment à l’ouest où le val reste grand ouvert entre Montjean et Champtocé.
Un premier pont s’ouvre entre Saint-Georges-sur-Loire et Chalonnes en 1841 et celui de Montjean est inauguré en 1855. Jusqu’à la construction des trois ponts en 1841, il n’y a pas de passage direct Saint-Georges – Chalonnes. Il y a trois possibilités : passer par les Ponts de Cé, utiliser le bac de Boyau ou passer à gué en été au Port-Girault. Avec la construction du pont du Grand Bras, la levée devient un chemin de circulation qui désenclave tout un territoire. En 1873, le chemin est empierré et il devient route départementale goudronnée en 1953 : c’est l’actuel RD 210.
A partir de 1944, de grands travaux sont entrepris sur la levée : on construit des murs de soutènement, on charge la levée avec des enrochements, on construit des « perrés », c’est-à-dire un mur de pierres en pente douce du coté du fleuve… Les travaux sont inaugurés en grande pompe avec le pont de Montjean en 1855.
Hélas, en juin 1856, a lieu l’une des plus grandes crues du XIXe siècle, 6,26 m à Montjean. La belle levée craque en plusieurs endroits.
Plan cadastral du Port Girault en 1835, le contournement du hameau semble réalisé
Schéma du projet de levée au milieu du XIXe siècle
La crue de 1910 à Montjean
Travaux sur la levée au début du XXème siècle
De 1856 à 1897, 7 crues autour de 6 mètres à Montjean, ébranlent la levée. Déjà en 1864, une première étude est faite pour consolider cette levée. C’est dans la dernière décennie que l’on refait des perrés, en particulier au Port Girault, la Guibrette et au Coeur du Roi. En 1897, on refait le pont sous la RD 15 avec les portes qui isolent le val.
En février 1906, la levée est jugée « insuffisante » et « l’aménagement de la Loire navigable » fait craindre le pire aux riverains (construction du barrage de l’Alleud).
En décembre 1910, deux affluents de la Loire, la Vienne d’une part, la Maine d’autre part sont en très forte crue. La conjonction des deux crée une onde de crue énorme en aval des Ponts de Cé : la Loire atteint la cote 6,78 m à Montjean. La levée ou plutôt la RD 15 craque en face Montjean. L’eau se précipite dans le val : il se remplira en 12 heures.
Les grosses réparations, liées à la rupture de 1910 se feront en face de Montjean et au Port-Girault. 1990 verra la dernière réalisation de gros travaux sur la levée :
• nettoyage de toute la végétation et donc réparation du perré que cette dernière a endommagé,
• réparation du muret (1980),
• projection de béton sur la totalité de la surface du perré (1996),
• élargissement de 5 mètres du corps de la levée (1992).
Depuis 2018, la Communauté de Communes Loire Layon Aubance a pris la compétence de Gestion des Milieux aquatiques et Prévention des Innondations. Un grand projet de restauration de la digue est en cours. L’objectif est de fortifier la levée et ce afin de lui permettre de résister aux humeurs de la Loire.