Ce qu’on appelle aujourd’hui communément la mare est en fait l’ancien vivier des chanoines de l’abbaye, situé à l’extrémité sud de leur jardin.
Les religieux occupaient une riche abbaye possédant des terres, des bois, des exploitations agricoles. Parmi les cens qu’ils percevaient, c’est-à-dire les loyers de leurs propriétés, figuraient pour celles des bords de Loire, certains poissons, comme une alose le jour de la Quasimodo (ou deuxième dimanche après Pâques), que devaient en 1743, les tenanciers d’un petit champ cultivé près de la Boire Traversanne. (Le mot boire désigne une étendue d’eau formée par le creusement de terre emportée au moment de la rupture d’une levée. Il peut aussi désigner un petit bras de Loire souvent fermé en amont par des terres d’alluvion). Ces poissons continuaient leur vie dans ce vivier, en attendant d’être cuisinés.
Il faut rappeler que la consommation de poisson était alors importante ; la religion catholique avait dressé une longue liste de “jours maigres”, c’est-à-dire sans viande. Cela concernait les mercredis et vendredis de chaque semaine, plus les 40 jours de carême et souvent les veilles de fêtes. Cela faisait de 10 à 200 jours par an selon les diocèses. (Ces injonctions ont été valables jusqu’au concile Vatican II en 1965)